La mère de Sr Ignace était originaire de Pfaffenheim
Emma Roesch (1872-1916). voit le jour à Willer-sur-Thur le 9 mars 1872. Avec sa sœur jumelle, elle fait partie d’une fratrie de huit enfants dont trois meurent prématurément. La mère, Marie-Rose Dubs, originaire de Pfaffenheim, meurt en 1876. Le père, Jean-Baptiste, garde forestier à Willer-sur-Thur, décède en 1880. Voilà Emma orpheline. Après un passage dans un pensionnat, les deux jumelles entrent chez les religieuses de Niederbronn, rue du Bourg, à Mulhouse. C’est là, sans doute, que commence la formation professionnelle et spirituelle d’Emma, dans un ordre religieux spécialisé dans le médico-social. Elle passe aussi quelques années à Paris, dans une clinique chirurgicale chapeautée par les sœurs du Très Saint Sauveur, appelées aussi sœurs de Niederbronn. Elle rejoindra d’ailleurs le couvent de Niederbronn en avril 1892. Elle y prononce ses vœux de religieuse en septembre 1893 et y prend le nom de sœur Ignace. Sœur Ignace passe trois années à Thaon-les-Vosges, puis retourne à Paris. De taille et de corpulence moyenne, elle fait un peu garçon manqué avec sa voix grave. Mais ses yeux bleus plissés cadrent à merveille avec sa bonne humeur permanente. Retour dans la vallée de la Thur À Moosch, l’hôpital construit par Henri Jungck, directeur de la filature de Malmerspach, est confié aux sœurs de Niederbronn. Au début de la guerre, il devient hôpital militaire dédié au secteur du Vieil-Armand. Lorsque sœur Ignace apprend qu’on y cherche des infirmières francophones, elle se porte immédiatement volontaire. C’est en compagnie de deux autres religieuses qu’elle rejoint Moosch en juin 1915. Rapidement, elle y devient indispensable, surtout en salle d’opération. Pendant son séjour, pas moins de 5000 blessés transitent par l’établissement. Régulièrement, Moosch fait l’objet de bombardements allemands. À l’hôpital, on n’y garde donc que les blessés intransportables. Il arrive que sœur Ignace travaille dans la salle d’opération, sous les bombes. Et lorsque les combats font rage, il n’est pas rare d’opérer jusque tard dans la nuit. Malgré fatigue et surmenage, elle donne des nouvelles par courrier, comme ce 30 décembre 1915, où elle indique que l’on a amputé à Moosch le général Serret, commandant du secteur. Prémonitions et tragédie Les canons allemands du secteur de Thierenbach tirent sur Moosch. Inquiète, dans son ultime lettre, le jour même de sa mort, elle écrit aux religieuses de sa congrégation : «…ainsi aujourd’hui 4 janvier 1916, on peut se tenir prêt à rendre compte à Dieu… ». Citation ô combien prémonitoire. La veille n’a-t-elle pas dit à son amie, sœur Isaïe, que quoi qu’il arrive, elle désire être enterrée dans le cimetière militaire, derrière l’hôpital, auprès de «ses» blessés. Ce jour-là, des obus explosent près de l’école. Plusieurs enfants et l’institutrice, sœur Marcelline, sont blessés. Cette dernière, accompagnée d’une collègue, se fait soigner à l’hôpital de Moosch. Il est 17 h 30 lorsque sœur Ignace et sœur Isaïe raccompagnent les deux sœurs institutrices à la nuit tombante, en se suivant deux par deux. À proximité de l’école, un obus explose entre les quatre femmes. Recouvertes de terre, les deux premières religieuses, indemnes, trouvent refuge dans une cave voisine. Presque immédiatement, un chasseur alpin fait irruption pour signaler qu’une religieuse vient d’être blessée près de la fontaine, place de la Mairie. C’est sœur Ignace. Un éclat d’obus lui a ouvert l’artère jugulaire. Portant encore ses vêtements d’infirmière sous son manteau, le voile blanc sur la tête, elle s’est appuyée les bras étendus contre le mur et a ainsi glissé au sol. Sœur Isaïe la prend dans ses bras. Un aumônier militaire accourt pour lui administrer les derniers sacrements. Sœur Ignace dira avant son dernier souffle : « Oui, à la volonté de Dieu ! Pour la France ! » À peine arrivé, un médecin militaire constate le décès. Obsèques militaires et enterrement parmi les soldats Le 6 janvier 1916, alors que le général Serret vient de succomber à ses blessures, le chef du service sanitaire du VIIe corps d’armée s’approche du cercueil de sœur Ignace, recouvert du drapeau tricolore et décoré de guirlandes de fleurs blanches pour y épingler la Croix de guerre avec palme. Voici la citation : « Madame Roesch, dans l’Ordre sœur Ignace... hôpital 3158, remplissant depuis sept mois son devoir dans la salle d’opération d’un hôpital militaire de première ligne, souvent sous le feu de l’ennemi, a fait preuve d’un dévouement sans limite, ainsi que d’un sang froid inébranlable et s’est attirée l’admiration de tous… » Le cortège funèbre, précédé de six prêtres soldats et d’une garde d’honneur, est accompagné d’une musique militaire. Dans la foule se mêlent soldats, officiers et civils. Selon la volonté de sœur Ignace, sa dépouille est enterrée au cimetière militaire de Moosch. Aujourd’hui, sur la tombe de sœur Ignace, on retrouve la même croix, la même plaque que pour les autres héros du cimetière tombés au champ d’honneur. SOURCES Bulletin de liaison des amis du HWK , n°32, 2001-2002; Revue des Deux-Mondes , 1917; Moosch, histoire et mémoire , 2006. |
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