Le 11 novembre 2005, la municipalité et le
conseil de fabrique ont inauguré le
square Dominique Braun, sis rue de la
Lauch. Le parc est propriété du conseil de
fabrique. Dominique Braun, dont le destin
fut tragique, a connu un ardent défenseur
en la personne de l'abbé Eugène Freytag.
Mais voyons plus avant...
Dominique Braun est né le 21 août 1744 à
Wintzfelden. Il épousa Gertrude Runner
(baptisée à Pfaffenheim le 17 mars 1742) à
Pfaffenheim le
12 novembre 1768. Le couple s'installa à
Pfaffenheim où Dominique Braun était
aubergiste à l'enseigne "A la Croix
Blanche". Il fut maire du village au début
de la Révolution. Son épouse donna
naissance à cinq enfants, dont un seul
vécut. Elle décéda le 8 mai 1791 à l'âge
de 49 ans. Dominique Braun épousa en
secondes noces Anne-Marie Hoffmann, de
Rouffach, le 18 janvier 1792 à Rouffach.
Le couple résidait à Pfaffenheim. Deux
enfants naquirent de cette union : Jean
Georges en 1792 et François Joseph en
1793.
L'affaire
Dans la nuit du 3 novembre 1793, lors d'un
attroupement menaçant devant la maison de
M. Kueny, maire en exercice, un coup de
feu a été tiré. Braun fut accusé d'en être
l'auteur. Le lendemain, il fut arrêté et
emmené à Colmar pour y être jugé. On
retint aussi à sa charge le recel d'un
prêtre non jureur..
Procès-verbal de
son procès
Son arrestation
Procès-verbal établi le 19 Brumaire de
l'an II de la République (4 novembre 1793)
"Vu par le tribunal criminel, le
procès-verbal dressé par la Municipalité
de Pfaffenheim le 4 Novembre 1793 et
l'information faite ce jourd'hui par le
tribunal. Considérant qu'il résulte de
ladite information que le coup de feu
lâché le 3 Novembre sur le citoyen Kueny,
Maire de Pfaffenheim est le résultat d'un
rassemblement contre révolutionnaire qui
s'est tenu chez Dominique Braun aussi de
Pfaffenheim - que ce dernier était un des
principaux chefs du complot qui s'est
formé pour détruire les patriotes et qu'en
outre ledit 'Braun est un des auteurs du
coup de feu lâché sur ledit Kueny reconnu
pour être un bon patriote.
Le tribunal jugeant révolutionnairement et
faisant droit sur les réquisitoires de
l'accusateur public, déclare Dominique
Braun aristocrate et hors la loi, ce
faisant : ordonne qu'il sera pris et
appréhendé au corps pour être dans la
maison de justice du tribunal et ensuite
entendu sur les faits à lui imputés;
ordonne en outre qu'après le délai de
huitaine, l'accusé ne comparaissant pas,
ses biens seront saisis et annotés."
Sa condamnation
Conclusion du procès-verbal établi le Jour
du jugement de Dominique Braun le 12
Nivôse de l'an II de la République (1er
janvier 1974)
"Vu par le Tribunal Révolutionnaire le
jugement ci-dessus et les autres parties.
Vu aussi le procès verbal d'arrestation de
la Personne de l'Accusé.
Ouï:
ce dernier étant à la barre
les témoins, tant à charge qu'à décharge
l'Accusateur Public en ses réquisitions.
Considérant qu'il en résulte des
dépositions des témoins que le coup de feu
lâché le 3 Novembre dernier sur le citoyen
Kueny, Maire de Pfaffenheim est le
résultat d'un rassemblement contre
révolutionnaire tenu le jour même chez
l'accusé, mais que ce dernier est
convaincu d'avoir été à la tête du
complot, formé pour détruire les patriotes
et d'avoir lâché ledit coup de feu sur
Kueny.
Le Tribunal Révolutionnaire condamne
Dominique Braun à la peine de mort.
Déclare ses biens acquis et confisqués au
profit de la République ; et ordonne que
le présent jugement sera exécuté dans le
jour à la diligence de l'Accusateur
Public.
Imprimé et affiché partout où besoin
sera."
Son exécution
Relaté par les huissiers :
"Aujourd'hui, treizième jour du mois de
Nivôse, l'an second de la République
Française Une et Indivisible, à neuf
heures du matin, par devant moi, André
Birckel, sont comparus en la Maison
Commune, Philippe Laurent Haffner, âgé de
quarante six, ans et Charles Louis Fuchs
âgé de cinquante quatre ans, les deux
Citoyens Huissiers au Tribunal Criminel et
Révolutionnaire du Département du Haut
Rhin, domiciliés en cette Municipalité,
lesquels Philippe Laurent Haffner et
Charles Louis Fuchs, ont déclaré à moi
André Birckel que le jour d'hier à quatre
heures après midi est mort sur la Place
Publique des Exécutions, Dominique Braun,
Citoyen Aubergiste de quarante six ans (en
réalité 49 ans), de laquelle déclaration
j'ai dressé le présent acte... "
Et par le Curé Clotten : son acte de
décès, mentionné dans le registre
paroissial de Pfaffenheim sous le n°186 en
page 88, a été retrouvé à... Soultzmatt !
Ce transfert est peut-être dû au fait que
le curé Jean-Baptiste Clotten, en fonction
à Pfaffenheim pendant la Révolution, a été
nommé à Soultzmatt par la suite.
Il mentionne : "Aujourd'hui le vingt sept
Vendémiaire de l'an X de la République
Française, ou le 19 du mois des Vendanges
1801 j'ai inscrit l'acte de décès suivant
:
'le premier Janvier 1794, entre trois et
quatre heures du soir à Colmar, sur la
Place de la République, Dominique Braun,
âgé d'environ 47 ans, habitant de
Pfaffenheim a été guillotiné. Il était
l'époux en premières noces de la défunte
Gertrude Runner et en secondes noces
d'Anna Maria Hoffmann encore vivante."
La raison de la mort et de l'exécution par
la guillotine provient sans doute en
partie, du fait qu'il avait tiré sur le
Maire de Pfaffenheim, sans l'avoir
pourtant touché, mais surtout le fait que,
comme certaines personnes l'affirmèrent,
il était un bon aristocrate, le fit
condamner immédiatement.
"II escalada les marches de l'échafaud
sanglant avec un tel sens de l'instant présent et une telle joie, qu'on croyait
qu'il se rendait à un mariage.
Sans doute est-il monté au ciel. Les deux
témoins, originaires de Pfaffenheim, qui
étaient présents lors du décès, signèrent
l'acte, tout comme moi."
Ses biens furent confisqués au profit de
la Nation et mis sous séquestre dès le
lendemain par François René Jänger, Juge
de paix à Eguisheim.
Aujourd'hui encore, le quartier du village
situé autour de la fontaine Saint-Michel
est appelé par les anciens S'padriotta
viartel (le quartier des patriotes).
Dominique Braun tenait son auberge sur
l'actuelle place de la Mairie (peut-être
le restaurant Freudenreich... ou un
établissement démoli pour laisser la place
à l'actuelle mairie). Kueny aurait pu être
le tenancier de l'auberge dont la
dénomination, "Zum Fuchs", "Au
Renard", est encore visible.
" Entre Vignoble et Schauenberg"
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