La reconnaissance officielle du pèlerinage en 1483 |
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L'Évêque de Bâle accueillit
favorablement la demande des habitants
de Pfaffenheim et s'adressa à
eux, la même année, le Jeudi après
la fête des deux apôtres St Simon et
St Jude. Le document authentique, rédigé en allemand est conservé dans les archives paroissiales. traduction de la réponse de l'évêque de Bâle: Nous, Gaspard, par la grâce de Dieu, Évêque de Bâle, faisons notoire par les présentes, que la présente fondation, établissement, donation et institution munie de notre sceau a été faite de notre sus, agrément et consentement en conséquence l'avons ratifiée, approuvée, et corroborée par la force de notre autorité pour son entière exécution. En foi de quoi, nous avons fait pendre notre sceau à la présente lettre, donnée en notre château de Delémont, le jeudi après la fête des deux apôtres St Simon et St Jude L'an de grâce quatorze cent quatre vingt trois. signé: Jodor Keller, Secrétaire Gaspar zu Rhein fut évêque de Bâle de 1479 à 1502. Natif de Mulhouse, il assura d'abord les fonctions de «Probst» du chapitre de St Urban en Suisse, avant d'être sacré évêque de Bâle le 30 mai 1479, jour de la Pentecôte, par Nicolas FRISIUS, évêque de Tripoli, assiste de l'Abbé de St Blaise et Lucelle, Jean ORTWEIN, vicaire général de Strasbourg et David ZENDER, vicaire général de Constance. Le pèlerinage Notre Dame du Schauenberg fut donc officiellement reconnu en 1483 et érigé en chapellenie. Quels furent les attributions et les privilèges liés à ce nouveau statut ? Le chapelain du Schauenberg devait habiter le village de Pfaffenheim, célébrer deux fois par semaine le Saint Sacrifice à la chapelle et y chanter une grand'messe aux fêtes de la Vierge. Il devait toucher l'offrande de l'autel, le reste devait être utilisé pour embellir la chapelle. Le curé de Pfaffenheim avait le droit de présenter le chapelain à l'évêque, mais la préférence irait à un prêtre originaire de Pfaffenheim ou y ayant de la parenté. Le chapelain avait droit à une rente annuelle en argent, ainsi que des revenus en vin et en blé. Le premier chapelain du Pèlerinage fut un certain Jean HUBSCHINHANS. |
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En 1515, il fallut agrandir la chapelle primitive construite par l'ermite Uldarich. L'orientation Ouest-Est fut conservée et sa longueur augmentée, sans toutefois dépasser la largeur de la nef actuelle. C'est probablement à cette époque que fut édifié le chœur de style gothique qui abrite actuellement le retable. Sur l'un des piliers extérieurs figure le millésime 1607. Sur cette seconde chapelle il n'y a pas d'autres détails. Tout au plus une légende (une de plus), est-elle rapportée par la tradition populaire. Le diable, voyant la chapelle en construction, aurait de l'endroit appelé «les druides» situé dans la forêt au-dessus de la chapelle, lancé un rocher sur le petit sanctuaire. Mais le rocher devint tendre et le plan diabolique échoua. Le rocher, encore appelé «Rocher du diable» (Teufelstein) existe toujours et se trouve à la jonction des sentiers venant de Pfaffenheim, de Westhalten et de Rouffach, en pleine forêt au bas de la dernière montée, qui débouche directement sur la place devant l'entrée de la chapelle. En l'observant de près, on peut y voir des trous au nombre de cinq ; certains pèlerins ont cru reconnaître là les empreintes des doigts du malin. D'après une autre légende, le diable aurait voulu empêcher la construction d'un chemin reliant Gueberschwihr au Schauenberg. Il aurait fait rouler des blocs de rochers du haut de la montagne. Les successeurs du frère Uldarich se sont évanouis, anonymes dans les brumes du passé ... Il est cependant certain que durant les premiers temps, des ermites continuèrent d'habiter près de la chapelle. On trouve la trace de l'un d'eux, le frère Théobald TANZER, dans le journal de G. GAISSER (1595 - 1655), abbé de St Georges en Forêt Noire. A la date du 18 mars 1652, il écrivit: «F. Theobaldus Tanzer adest, heremita montis b.v. Mariae am Schowenberg supra Pfaffenheim. Is, mansione sua per Lotharingos emotus requirebat aliam domum ; ad 30 et pluros annos militiam erat secutus, praecipue Hispanicam ; » traduction: A l'ermitage de la montagne du Schauenberg, au-dessus de Pfaffenheim se trouve le frère Th. TANZER. Celui-ci hanté par le souvenir de son séjour en Lorraine, avait recherché un autre refuge. Durant plus de 30 ans, il avait été soldat principalement en Espagne. L'abbé Gaisser qui a été hébergé au couvent voisin de St Marc, du 14 au 20 août 1624 et du 6 août au 7 octobre 1627, connaissait personnellement le Schauenberg. Son journal mentionne également son passage à Soultzmatt le 25 septembre 1627 pour y goûter les eaux minérales. «Primo ad acidulas (aquas) Sultzmatenses, deinde Rubiacum accedo» traduction: D'abord je me rends aux eaux acides de Soultzmatt, ensuite à Rouffach. Plus tard on y trouve également un certain frère Martin RYSS, membre de la confrérie du «RAYDT» de Pfaffenheim. (*) * Le «Raydt» dont les origines remontent aux XIVe et XVe siècles, réunissait au sein des paroisses des hommes et des femmes, fidèles pratiquants, autour d'un «Raydtmeister» chef laïc élu pour une année et entouré de six membres également élus pour une durée d'un an. Les buts de cette association étaient de deux sortes: réaliser une entraide temporelle entre les membres et, sur le plan spirituel, les soutenir au moment de «rendre des comptes», c'est à dire les assister à l'heure de leur mort, participer aux obsèques et prier pour le repos de leur âme. Au cours d'un repas annuel qui réunissait les membres de la confrérie, généralement après l'élection des nouveaux responsables on procédait au paiement des amendes infligées aux membres qui n'avaient pas assisté à l'enterrement d'un confrère. A Pfaffenheim, les amendes pour absence étaient très élevées (2 shillings et 6 deniers). Le «Raydt», dissout durant la Révolution, reprit cependant à Pfaffenheim, avec plus ou moins d'importance. Le Pèlerinage, en ce début du XV le siècle, dut connaître une certaine importance. Il sortit miraculeusement de toutes les épreuves de l'époque, et même la «Guerre des Paysans» en 1525 ne le toucha pas, alors qu'au pied du Schauenberg, le petit couvent du St Léonhard, déjà bien éprouvé au XIIle siècle, fut pillé et incendié. Un siècle plus tard, ce fut le «Schwedenkrieg». En 1621, les bandes de pillards du Comte Ernst de Mansfeld arrivèrent en Alsace. Malgré plusieurs tentatives de résistance, les scènes de pillage furent nombreuses. Les Suédois restèrent et essayèrent d'imposer leur «nouvelle religion» par le glaive et l'épée. Les villages autour du Schauenberg conservèrent la foi catholique et le Pèlerinage N.D. du Schauenberg traversa cette période sans être inquiété. La fin de la guerre de trente ans, en 1648, par le traité de Westphalie, ramena l'Alsace à la France et la paix dans la région. Durant ces moments difficiles, le pèlerinage s'était développé. De plus en plus nombreux furent les dévots qui venaient prier devant la statue de la Vierge Marie. De quelle statue s'agissait-il ? Etait-ce celle qu'aurait apportée le messager de la Comtesse de Hesse en 1446 ? C'est fort possible. Une récente découverte faite en 1976 par L. SCHAEFLI apporte un élément nouveau. En effet, dans un bréviaire du XVIe siècle de la Bibliothèque du Grand Séminaire de Strasbourg, il trouva une image d'une Vierge à l'Enfant qui incontestablement peut être attribuée au Schauenberg. Il s'agit d'une xylographie, coloriée à la main ou au pochoir, de 15cm sur 9,4 cm. Elle représente la Vierge se tenant debout dans une gloire et portant l'Enfant sur le bras droit. En bas à gauche, on remarque les armes de Pfaffenheim, et à droite une église qui ne peut être que celle du pèlerinage. L'image a été coloriée comme suit: — la gloire entourant la Vierge et la couronne de la Vierge en jaune. — le manteau de la Vierge en bleu-clair. — la robe de la Vierge, le toit et le clocheton de l'église en ocre. — le sol et les couvertures de l'église en vert. De quand date cette image ? Les «Vierges en Gloire» ont connu un grand succès à la fin du XVe siècle. Il est possible qu'elle ait été éditée pour financer les travaux d'agrandissement de la chapelle primitive. Dans cette hypothèse, l'image daterait du début du XV le siècle ;il n'est cependant pas impossible qu'elle soit antérieure et qu'elle se situe vers la fin du XVe siècle. |
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Les
Récollets de Rouffach Les Récollets étaient des Pères Franciscains. D'ou est venu le qualificatif de «Récollets» ? Quelques rappels historiques apporteront une réponse. L'ordre des Franciscains rassemble d'une façon générale, l'ensemble des religieux qui suivent la règle de Saint François d'Assise. Les «frères mineurs» comme François les avait appelés, demandèrent au Pape de confirmer le mode de vie qu'ils avaient choisi. L'ordre fut créé, la règle définitive approuvée en 1223 par le Pape Honorius III. Par la suite l'ordre des Franciscains vit évoluer l'idéal primitif. D'ordre mendiant il devenait un ordre intellectuel où docteurs et maîtres se multipliaient. Mais pendant que l'Eglise subissait l'épreuve du grand schisme d'Occident, le retour à l'observance de la règle primitive s'amorçait. En 1517, après un siècle et demi de travaux, le Pape Léon X, par sa bulle «Ite et vos», sépara les deux familles qui existaient dans l'Ordre: les Conventuels et les Observants, tout en proclamant son unité. C'est également vers cette époque qu'apparurent les premiers capucins qui cependant ne s'installèrent en France qu'en 1575. Les Observants ressentaient un besoin permanent et continu de réforme, ce qui entraîna leur diversification en nombreuses congrégations. Celles-ci étaient plus connues en Italie sous le nom de «Riformati» (1532), Alcantarins en Espagne (1557) et Récollets en France (1570). C'est une de ces congrégations qui occupait le couvent Ste Catherine de Rouffach. |
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