La guerre de 1870


A la fin du mois d'octobre 1870, les troupes allemandes du général von TROSKOW se dirigeaient sur Belfort, en trois colonnes: la première avançant le long des collines sous-vosgiennes, la seconde par l'ancienne «route royale», c'est à dire l'actuelle R.N.83, et la troisième empruntant la route de l'Ill.

En ce dimanche 30 octobre, la plupart des villages du vignoble entre Thann et Husseren, étaient occupés par des compagnies de Francs-Tireurs.

Un groupe retranché dans le cimetière de Gueberschwihr fut contraint au repli. Les soldats gagnèrent la lisière de la forêt, se dirigèrent vers le Schauenberg et continuèrent leur chemin vers Osenbach. Ce jour-là, après l'office de Vêpres célébré dans la chapelle du Schauenberg, de nombreuses personnes se trouvaient sur la terrasse.

Les artilleurs allemands crurent sans doute apercevoir des francs-tireurs et dirigèrent leurs pièces sur le Schauenberg. Un premier obus tomba en contrebas de la terrasse, le second se logea dans le mur de la chapelle. Il y eut en tout sept à huit obus.

Dès la chute du premier projectile, toutes les personnes qui se tenaient sur la terrasse, se réfugièrent derrière l'église ou s'éparpillèrent dans la forêt. Il n'y eut pas de victimes. L'un des obus n'explosa pas complètement. Il reste conservé au Schauenberg.

Le souvenir de ce combat a été perpétué par un vitrail offert en 1872 par la paroisse de Gueberschwihr et le curé EHRARD.

Ce vitrail, qui retrace avec réalisme les différentes péripéties de cette journée, se trouve actuellement sur le mur ouest de la chapelle.

En 1889 les Etablissements F. CAUSARD de Colmar fondirent trois cloches pour le Schauenberg. Ce fut à l'initiative d'un enfant de Pfaffenheim, le chanoine LICHTLE.

La première:

                     Nom                                                                                      Alma Maria
                     Diamètre                                                                              0,50 m
                     Hauteur                                                                                 0,42 m
                     Donateurs et parrains                                  Alfred BECK- Maria BECK
                     Tonalité                                                                                 La

La seconde:
                    Nom                                                                                       Anna
                   Diamètre                                                                             0,49 m                    
                   Hauteur                                                                                0,40 m
                 Poids                                                                                        35 kg
                Donateurs et parrains                                        Joseph Beck - Anna Beck
                     Tonalité                                                                                Si naturel

La troisième
                    Nom                                                                                     Thérèse
                    Diamètre                                                                              0,38 m
                    Hauteur                                                                                 0,35 m
                    Poids                                                                                    30 kg
                    Donateurs et parrains                               Michel Beck - Thérèse Beck
                    Tonalité                                                                                 Do dièse

Quelques indications rapportées par la chronique du pèlerinage:

Année                                         Nombre de communions                                             Nombre de pèlerins
1900              1150                                          12600
1901                964                                          13556
1902              1066                                          14234


Image éditée au profit du Pèlerinage, vers la fin du XIXe siècle. Dans le coin supérieur gauche: la nouvelle église de Pfaffenheim.
A droite: Gueberschwihr. En bas: projet d'aménagement du Pèlerinage (dessin du Frère FLORENT).

Centenaire de la Translation


Le 4 septembre 1911 fut célébré le 100° anniversaire du retour de la statue au Schauenberg. Tous les documents, chronique, extraits de journaux, relèvent le caractère exceptionnel de cette fête dont la préparation et l'animation mobilisèrent l'ensemble des habitants de Pfaffenheim. Les préparatifs matériels commencèrent déjà en 1910, grâce à l'enthousiasme du vicaire Eugène GRIMMER qui deviendra plus tard curé de Bollwiller. Malgré une mauvaise récolte cette année-là, les Pfaffenhémiens se distinguèrent par la générosité de leurs dons et leur participation aux travaux de restauration. Le «Mont des Oliviers» et les statues du chemin de Croix furent rénovés, et une somme de 10 000 marks put encore être utilisée pour orner et embellir la chapelle.

Les travaux furent conduits par M. KLEM, artiste de Colmar. Des stalles en chêne furent installées dans le choeur. Le peintre Guido Reni von RUNGE de Munich peignit une «Assomption» au plafond de la nef. C'est en 1910 que l'orgue Callinet fut réparé par J.A. BERGER, facteur d'orgues de Rouffach, qui malheureusement modifia beaucoup les caractéristiques de l'ancienne facture Callinet. Un pédalier et trois nouveaux registre furent rajoutés.

La veille au soir, en présence de Mgr Zorn von Bulach, évêque coadjuteur de Strasbourg, une procession aux flambeaux monta au Schauenberg, et se termina vers 22 heures par un «Te Deum» solennel. Le 4 vers 9 heures les habitants de Pfaffenheim quittèrent en procession l'église paroissiale, portant la statue qui fut déposée solennellement sur l'autel de la chapelle au cours de la messe célébrée par Mgr Zorn. Le Père Humbrecht, Rédemptoriste prononça l'homélie.

Durant la montée au Schauenberg, toute la paroisse conduite par son curé, l'abbé Félix SPRESSLER, chanta le même cantique qui, cent ans plus tôt en 1811, avait déjà accompagné la statue lors de son retour sur l'autel de la chapelle.

                                                                        « Steigt vom Himmel auf die Erde
                                                                        Du beglückte Engelschar !
                                                                        Hilf begleiten, uns're Werte,
                                                                        Bringe Lorbeerkränze dar.
                                                                        Himmelsgeister, lasst euch nieder,
                                                                        Heut besteigt Maria wieder
                                                                        Ihren lang verlass'nen Thron.
                                                                        Flechtet ihr die Siegeskron . . .»
 

Vol de la statue en 1912


Quelques mois plus tard, un autre événement vint troubler la vie du pèlerinage et mobiliser une nouvelle fois les habitants de Pfaffenheim. Dans la nuit du 14 au 15 mars 1912, un ou plusieurs individus s'introduisirent dans la chapelle en brisant l'une des fenêtres situées du côté de la montagne. Sans succès ils s'attaquèrent au tabernacle, et pour ressortir ils essayèrent de forcer la petite porte latérale. N'y arrivant pas, ils quittèrent la chapelle par le même chemin, emportant la statue et son socle.

Grande fut la consternation des Pfaffenhémiens, lorsqu'ils apprirent la nouvelle. Une enquête eut lieu et on fit même venir un chien
policier de Mulhouse.

De nombreuses personnes étaient persuadées que les voleurs cherchaient plutôt de l'argent ou des objets de valeurs et que la statue ne les intéressait probablement pas. On craignit donc qu'elle ne fût jetée dans la forêt, et on organisa une fouille méthodique à laquelle participèrent adultes et enfants de Pfaffenheim. C'est un garçon âgé d'une dizaine d'années, nommé Victor COSTANZER, qui repéra la statue sans sa parure, couchée sur le sol à quelques dizaines de mètres en contrebas du «Teufelstein» dans la forêt de marronniers, à peu de distance, un autre garçon, Armand FREUDENREICH, découvrit le socle en bois, support de la statue.

L'heureuse nouvelle se répandit très rapidement, et nombreux furent les pèlerins qui montèrent aussitôt pour remercier la Vierge. Une croix fut plantée à l'endroit où l'on avait retrouvé la statue et on y traîna une grosse pierre.
Le 25 mars qui suivit, la fête de l'Annonciation fut célébrée avec une solennité et un recueillement tout particuliers.
En 1932, une croix fixée à un arbre montrait encore l'emplacement où fut retrouvée la statue.




Fête du Centenaire de la translation
(3 septembre 1911)
 

Le Schauenberg durant la Grande Guerre


Dès le début des hostilités, en 1914, les habitants de la région se mirent sous la protection de N.D. du Schauenberg. Les nombreux pèlerinages à Marie, Reine de la Paix, en témoignent. Des paroisses entières, conduites par leur curé, montèrent au Schauenberg, très souvent en procession à partir de leur village: telles celles d'Oberhergheim, Niederhergheim, Munwiller, Reguisheim, Sainte-Croix, Banzenheim, Bergholz, Bergholz-Zell, Rouffach, Gundolsheim, Soulzmatt,Westhalten, Winzfelden, Osenbach, Gueberschwihr, Hattstatt, Herrlisheim, Eguisheim, Voegtlinshofen, Obermorschwihr, Hûsseren, Orschwihr, de la région de Guebwiller et même des environs de Sélestat.

En 1915, malgré les restrictions qu'imposait la situation, les paroisses environnantes se groupèrent pour offrir un ostensoir à la chapelle. L'évêque de Strasbourg, par lettre, autorisa l'exposition du Saint Sacrement le premier vendredi de chaque mois. C'est durant cette année, le 20 mars, que décéda l'abbé Félix SPRESSLER, curé de Pfaffenheim, organisateur avec son vicaire, Eugène GRIMMER, de la fête du Centenaire de la Translation.

La même année, l'abbé Emile HINCKY prit la succession. Durant l'hiver de l'année 1916, les déplacements furent soumis à un contrôle de la part des autorités militaires: cela réduisit le nombre des pèlerins.

Ce fut également cette année-là, que Mgr ZORN von BULACH, évêque de Strasbourg, plaça toute la région sous la protection de N.D. du Schauenberg. En 1917, les autorités militaires allemandes réquisitionnèrent les cloches du pèlerinage: elles devaient être fondues et le métal réutilisé à des fins moins pacifiques. L'intervention courageuse et résolue du Curé Hincky permit de sauver la petite cloche «Thérésia» qui put rester dans le clocheton de la chapelle et continuer ainsi à annoncer les offices.

Le 8 mai 1917, lors d'une cérémonie d'adieu, commémorée par une carte postale (voir photo ), les deux cloches «Alma Maria» et «Anna», quittèrent le pèlerinage. Il faudra attendre l'année 1935 pour que le chant des cloches du Schauenberg retrouve les sonorités par lesquelles il avait annoncé les offices de la commémoration du Centenaire de la Translation.
 


Carte postale éditée lors de la confiscation
des cloches durant la première
guerre mondiale.

Abschied der Schauenbergglocken  8.5.1917

Behab dich wohl und fahre fort,
du liebes frommes Pilgerheer,
zu wallen viel zum Gnadenort
der heili'gen Mutter hoch und hehr!
Wir rufen nun dich nicht mehr zum Gebet,
noch künden wir dein Freud und Leid.
In den Krieg jetzt jedes Glöcklein geht,
ein Zeichen dieser bösen Zeit.

Ce texte figure sur le cartouche de la carte.

Le 10 août 1917 on fêta, au Schauenberg, les 25 ans de sacerdoce de l'abbé Hincky. Un hommage particulier doit être rendu au travail de recherche et de synthèse entrepris par le curé Hincky et son vicaire Litzler, qui publièrent une suite d'articles, intitulée «Geschichte und Schicksale des Gnadenortes U.L Frau vom Schauenberg bei Rufach-im-Elsass», dans le «Sendbote des Hl. Franziskus» des mois de janvier à juin 1920. C'est sans doute l'une des meilleures études faites sur les origines et l'histoire du pèlerinage.

Un extrait de la chronique permet de situer l'activité du pèlerinage vers 1918. Le dimanche de Quasimodo de l'année 1918, le Conseil de Fabrique décida d'augmenter certaines indemnités:

1. pour le curé Hincky 60 marks au lieu de 48, pour les processions.
2. pour le vicaire WATTRON 160 marks au lieu de 100, en gratification
3. pour les enfants de chœur et les chantres, 20 marks au lieu de 6,de même, l'indemnité de «suisse», versée à M. CLEMENTZ, fut augmentée à la condition toutefois qu'il accompagne au moins les quatre grandes processions qui  montent de Pfaffenheim  au Schauenberg.
4. le frère Ignace touche 50 marks au lieu de 40.
5. un second frère des écoles, le frère Émile est prévu pour Pfaffenheim.
 

Le Schauenberg entre les deux guerres

L'activité du pèlerinage durant cette période présente deux caractéristiques: d'une part, on éprouva le besoin d'ouvrir le pèlerinage vers l'extérieur en participant à une vaste liaison entre pèlerinages, appelée «Union de Prières», et d'autre part on constata un approfondissement de la piété des pèlerins et une augmentation de la pratique religieuse, comme le montre la chronique de l'année 1927.

En 1927, chaque semaine, hiver comme été, deux messes étaient célébrées au Schauenberg. Le premier vendredi de chaque mois était en plus, honoré tout particulièrement, ainsi que chaque vendredi durant la période du carême. Toutes les fêtes de la Vierge revêtaient une solennité spéciale. La chronique rapporte d'autres fêtes: St Joseph, le lundi de Pâques, les jours de rogations, la fête de la Translation, l'exaltation de la Sainte Croix, et pour terminer l'année, une procession de 280 paroissiens le 28 décembre par un très grand froid (promesse de procession le jour des Saints Innocents).

En 1919 participèrent avec le Schauenberg à l'Union de Prières, les pèlerinages suivants:
N.D. des Dunes à Dunkerque, Hohatzenheim, Bonne Fontaine, Wiwersheim, Thierenbach, Neunkirch, Lutterbach, Masevaux, Marienthal, N.D de Fouvrière à Lyon, La Salette.

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