Bénédiction
des cloches, le 2 juillet 1935
L'unique rescapée de 1917, la petite cloche «Thérésia», reçut en 1935
deux compagnes. Il s'agissait de «Maria», dont les marraines et parrains
furent Mme Marie RUNNER-Freudenreich, Mme Anna LACH, M. Ignace
HEHLMBACHER, Maire, et M. Charles GSELL, adjoint, et d'une seconde,
appelée «Joseph», avec Mme Joséphine RUOLT-Riefle, Mme Emilie MULLER
pour marraines et M. Théophile MEISTERMANN et M. Eugène FREITAG pour
parrains.
Le dimanche 30 juin, vers 15 heures après
l'office des Vêpres, les cloches, décorées de fleurs, firent le tour du
village sur un charriot tiré par trois chevaux, puis prirent le chemin
du Schauenberg. La bénédiction solennelle eut lieu le mardi 2 juillet,
fête de la Visitation de la Vierge. Ce jour-là, le pèlerinage comme
maintes fois déjà, connut une animation particulière. Dès 6 heures, une
messe fut célébrée par le curé THIEBAUT de Gueberschwihr, qui était
monté comme chaque année en procession votive avec sa paroisse.
A 7 heures ce fut l'abbé HANNAUER, originaire
de Pfaffenheim qui célébra une messe. Deux arcs de triomphe portant les
inscriptions «Herzlich Willkommen» et «vive Monseigneur» accueillirent
vers 8 heures la procession montant de Pfaffenheim. En tête, la société
de musique «Echo de Schauenberg», dirigé par M. RUNNER Xavier, suivie
par les personnalités religieuses: Mgr SIEFFERT, ancien Evêque de La Paz
(Bolivie), le chanoine WURSTHORST de Colmar, représentant le Vicaire
Général Mgr DOUVIER, le Père Jésuite KELLER de Colmar. l'abbé GSELL,
curé de Seppois-le-bas, l'abbé RUNNER, curé de Altenbach et le curé
GRABISCH de Pfaffenheim.
Une jeune fille de Pfaffenheim, Julie MEISTERMANN, toute habillée de
blanc, accueillit Mgr Sieffert à l'entrée de la chapelle, en lui
récitant un poème de bienvenue, et les deux petites Odile LACH et Anna
LICHTENBERGER lui offrirent des fleurs.
Un office solennel eut lieu à 9 heures, célébré par l'abbé Joseph RUNNER,
assisté des abbés Emile GSELL et DORNSTETTER tous trois enfants de Pfaffenheim. C'est le chanoine WURSTHORST qui durant son homélie,
développa le thème «ces nouvelles cloches annonceront la grandeur et la
gloire de Dieu».
A l'offertoire, la chorale dirigée par le frère Hippolyte ZIRN,
interpréta un «Ave Maria» à plusieurs voix. Puis ce fut la bénédiction
des cloches par Mgr Sieffert. Enfin après un dernier chant «die Glocken
verkünden», la procession retourna à Pfaffenheim. Les parrains et
marraines firent encore une dernière tournée dans le village, à bord
d'une voiture automobile décorée, lançant des dragées aux enfants qui
n'avaient pu monter au Schauenberg.
Le Schauenberg après la
seconde guerre.
Alors que le clocher de
l'église paroissiale fut détruit au moment de la libération, le
Schauenberg sortit indemne de toutes les années de guerre. Peu
d'évènements importants ont été rapportés. En effet aucune chronique ne
fut tenue sous l'administration du curé GRABISCH. En 1947, la statue de
la Vierge fut transférée dans la petite chapelle et un nouveau retable
sculpté par l'artiste Joseph SAUR d'Oberhergheim, fut placé dans le
chœur. Ce triptyque en bois fut commencé le 1er mars 1945 et achevé le
22 juillet 1946. Il nécessita 1717 heures de travail, et furent
utilisés: 1,5 m3 de chêne, 2m3 de tilleul et 6 m3 de sapin. Son
exécution et sa pose revinrent à 403 820 Francs. En même temps, du 13
mars au 12 juin 1947, M. SAUR transforma l'autel de la Vierge. Il
utilisa o,25 m3 de bois de tilleul et factura cette opération à 113 027
F.
En 1948, Mgr WEBER,
évêque de Strasbourg monta au Schauenberg.
Le 3 juillet 1961,
l'abbé Jean-Paul FREUDENREICH, nouveau prêtre originaire de Pfaffenheim,
célébra sa 1° messe en présence d' une grande assemblée de fidèles recueillis.
Le 3 septembre 1961,
ce fut Mgr ELCHINGER, coadjuteur de l'évêque de Strasbourg qui présida
les fêtes du 150° anniversaire de la Translation de la statue. La
chapelle latérale reçut en 1954 de nouveaux vitraux réalisés par M.
KEMPF de Colmar, d'après les dessins de Robert GALL, également de
Colmar. Au printemps de l'année 1961, un groupe de bénévoles érigea sur
l'esplanade située devant la chapelle, un autel en pierres qui fut
solennellement inauguré le lundi de Pâques de la même année.
C'est le 23 septembre 1962 que Mgr MBEMBA,
archevêque de Brazzaville, ancien curé de N.D. du Schauenberg au Congo,
rendit visite au Schauenberg et y célébra une grand'messe solennelle. Le
successeur de Mgr MBEMBA à Brazzaville a été Mgr BIAYENDA, sacré évêque
à Rome le jour de Pentecôte 1970. C'est en revenant de Rome, la même
année, qu'il célébra une messe au Schauenberg. Il est mort, assassiné,
en 1977.
L'église N.D. du
Schauenberg au Congo a été bâtie par Mgr BIECHY, évêque missionnaire,
originaire de Hattstatt. Un vitrail de la chapelle latérale évoque le
souvenir de ce pèlerinage africain.
La
rénovation
du Schauenberg après 1960
Les bâtiments de
l'ancien couvent des Pères Franciscains étaient dans un état tel qu'une
rénovation complète s'imposait. Une partie des locaux avait servi de
logement aux gardes-forestiers, qui se succédèrent au Schauenberg de
1831 à 1976. Cette lourde tâche incomba à l'abbé KUENY, curé de
Pfaffenheim, qui dès son arrivée en 1957 manifesta sa volonté de donner
au Pèlerinage un nouvel essor.
Dès 1960 les plans furent dressés. Une solide
équipe entourait le curé Kueny: des habitants de Pfaffenheim, une équipe
de trois maçons italiens dirigée par un chef de chantier et un homme du
métier, M. Jean SCHELLENBAUM qui réalisa bénévolement les plans et les
devis. Le chantier fut donc ouvert en novembre 1963, et malgré de
sérieuses difficultés, les travaux purent être achevés en octobre 1964.
Dans l'ancien petit couvent rénové, on fit
une «maison du pèlerin» avec, au rez-de-chaussée une salle destinée aux
pèlerins, et à l'étage un logement de sacristain et une grande salle
pouvant servir à des récollections. L'adduction en 1960, de l'eau et de
l'électricité, permit à la «maison du Pèlerin» de mieux répondre à sa
destination: servir le pèlerin.
Devant la chapelle,
du côté sud, furent dégagés, le grand mur de soutènement, construit
avant la Révolution, ainsi que les différentes terrasses, traces du
passage des Pères Franciscains. En même temps fut construite une route
permettant aux véhicules d'accéder plus facilement au Schauenberg. On y
aménagea également une grande place de stationnement.
En 1965 se constitua une association dénommée
«LE SCHAUENBERG», ayant pour objet le développement du pèlerinage,
l'entretien de la chapelle et des bâtiments annexes. Les neuf membres du
premier comité de gestion furent:
Président d'honneur
M. l'abbé KUENY, curé de Pfaffenheim
Président de l'association M. Bernard ZINCK
Vice-président M. Adolphe WEBER
Secrétaire M. Basile BARTHOLOME
Trésorier M. Henri KUENY
Trésorier-adjoint Mme Joséphine MEYER
Assesseurs M. Clément RUNNER
Mlle Jeanne CLEMENS
M. René RIEFLE
L'association «LE SCHAUENBERG» fut inscrite
au Tribunal d'Instance de Guebwiller. Le greffier du Tribunal, M. Eloi
BADINA, un enfant de Pfaffenheim, en donna acte le 8 juin 1965.
Ce fut ensuite le tour de la chapelle.
Pendant l'été 1966, une grande tombola fut lancée pour collecter les
fonds nécessaires au démarrage des travaux qui débutèrent en décembre
1966. C'est un architecte strasbourgeois, M. SCHAECK qui dirigea les
travaux conduits par l'entreprise PENSERINI de Hattstatt.
Le plafond en plâtre
de la chapelle fut enlevé et les anciennes poutres de 1810, bien
conservées, mises en valeur. On recouvrit les murs d'une terrasite
blanche et un système de chauffage à air puisé fut installé.
On déplaça le
retable pour l'installer dans la chapelle latérale, et dans le chœur on
érigea un autel en grès, face au peuple, conformément au renouveau
liturgique. Une croix du XVIIl° siècle, qui se trouvait dans un oratoire
le long du chemin de procession montant de Pfaffenheim, fut offerte au
Schauenberg par M. Joseph BINDER et installée au centre du chœur,
dominant l'autel. Dans le chœur également, la fenêtre du mur central fut
supprimée. Le mur se trouva ainsi dégagé, mettant bien en valeur la
porte voutée conduisant à la sacristie.
(*Cette ouverture qui était
située au-dessus de la porte de la sacristie, communiquait directement
avec les locaux du couvent et permettait aux moines malades ou ne
pouvant se déplacer, de participer aux offices de la chapelle. )
Une splendide
custode en pierre fut alors découverte, scellée dans le mur central.
Elle sert désormais de tabernacle.
La statue de la Vierge qui se trouvait
jusqu'en 1947 sur l'autel principal fut, au moment de la pose du retable
dans le chœur installée dans la chapelle latérale.
En 1966 lorsqu'on
transféra le retable dans la chapelle latérale, la statue fut
définitivement placée sur l'autel secondaire où elle se trouve encore,
dans sa niche primitive.
Le dallage interne
de la chapelle, en pierres de Buxy, fut confié à M. BRINGEL, carreleur à
GUEWENHEIM, qui le termina pour Pâques 1968.
Entre la chapelle et le mur de soutènement,
on posa également un dallage constitué de pierres d'une carrière de
VOEGTLINGSHOFFEN et des anciennes dalles de la chapelle. En 1972 on
s'occupa du clocheton dans lequel une installation électrique fut prévue
pour les trois cloches. Les locaux devenus libres à la suite du
déménagement du garde forestier purent être restaurés dès 1978. Une
nouvelle fois des travaux importants de rénovation furent entrepris. M.
SCHELLENBAUM s'occupa des plans, et le frère de M. le curé KUENY, avec
les habituels «travailleurs bénévoles du Schauenberg» réalisèrent la
nouvelle salle des pèlerins, ainsi que les annexes, cuisine, magasin et
installations sanitaires.
Le lundi de Pentecôte, 4 juin 1979,
l'ensemble fut inauguré par Mgr BRAND, évêque auxiliaire de Strasbourg,
en présence de M. FREYEISEN, conseiller général et de M. FLECK X.
conseiller d'état originaire de Wintzfelden.
Durant
la seconde moitié du XIX° siècle, on y avait installé le premier orgue
de facture Callinet. Cet orgue fut par la suite transféré sur une
tribune élevée au fond de la chapelle où il resta jusqu'à la rénovation
de 1966. Nécessitant une remise en état assez conséquente, il fut vendu
à un amateur de musique.
Dans l'ouverture ainsi dégagée dans le chœur,
on mit une simple vitre, puis plus tard un vitrail réalisé par OTT de Strasbourg, représentant la Vierge du Schauenberg, protégeant le village
de Pfaffenheim, entourée des quinze mystères du Rosaire.
Au moment de la
rénovation eut lieu «l'éclatement» de ce vitrail en petits modules, qui
ont été répartis dans les différents bâtiments du pèlerinage (chapelle,
sacristie, passage des moines au-dessus de la sacristie, salle des
pèlerins).
Un dernier événement
vint troubler la vie du pèlerinage et nécessiter de nouveau une
mobilisation spontanée des «ouvriers du Schauenberg». Le 5 février 1980,
minée par les eaux d'infiltration, une partie du mur de soutènement
situé devant la nouvelle salle des pèlerins, s'écroula sur la première
terrasse. Grâce à la généreuse spontanéité des Pfaffenheimiens, toujours
disponibles pour que «vive le Schauenberg», une véritable chaîne de
solidarité se forma dans une unité complète: le 3o mai 1980, le mur
était réparé et un dallage posé devant la nouvelle salle des pèlerins.
PLAN ET DESCRIPTIF DE LA CHAPELLE
ACTUELLE
1. Ogive romane marquant l'entrée de la
chapelle latérale ( chœur de la chapelle primitive).
2. Retable en bois, sculpté par SAUR
d'Oberhergheim. Les volets ouverts,on voit représentée dans la partie
centrale, Notre-Dame prenant sous son manteau, tous les hommes: le
prêtre, le viticulteur, la garde-malades, l'instituteur et la
religieuse. Sur les volets figurent différentes scènes de la vie de la
Vierge. Le revers du triptyque représente une scène typique du grand
artiste peintre René KUDER: la chute d'Adam et d'Eve, auxquels Dieu
promit le Sauveur.
Sur la partie inférieure du retable, une
sculpture: la dormition de la Vierge
3. Ancienne porte de sortie dont la
transformation a permis d'abriter un confessionnal.
4. Vitrail représentant l'ancien ermitage du frère Uldarich.
5. Vitrail illustrant la légende du chevalier.
6. Vitrail de N.D. du Schauenberg au Congo.
7. Vitrail représentant la Vierge.
8. Vitrail rapportant l'histoire de la
Comtesse Anne de Hesse.
9. Vitrail évoquant le miracle de 1811 (chute
d'une jeune fille de Rouffach).
10. Vitrail: la Vierge donne le bien à
l'Eglise, à l'Etat, à la Famille et au monde.
11. Vitrail: la Vierge chasse du monde, le mal, la guerre,l'hérésie, la
famine et la peste.
12. Vitrail offert par la paroisse de Gueberschwihr, rapportant
l'épisode de la guerre de 1870.
13. Vitrail représentant St Joseph.
14. Vitrail composé de trois modules
provenant de l'«éclatement» de l'ancien vitrail du chœur
15. Vitrail composé de deux modules provenant
de l'ancien vitrail du chœur.
16. Statue miraculeuse de la Vierge dans la
niche réalisée par les Pères Franciscains. De part et d'autre de la
Vierge se trouvent les statues de St François d'Assise et de St Antoine
de Padoue. Le petit autel est un don de François-Joseph de Schauenbourg
(décédé en 1738) et de son épouse, Marie-Reine Antoinette de
Montjoie-Vaufrey, décédés tous deux au château de Herrlisheim et
enterrés dans cette localité. On aperçoit les armes des familles de
Schauenbourg et de Mont]oie(Froberg). Le petit autel a probablement été
sculpté par Antoine WERLE, originaire de Guebwiller qui, grâce à la
famille des Schauenbourg, travailla également aux autels latéraux de
Soultzbach où il posséda une maison et mourut le 19 décembre 1756.
17. Croix du XVIII° siècle, anciennement
située dans un oratoire le long du chemin de procession montant de
Pfaffenheim à travers la forêt. Elle fut offerte par M. BINDER de
Pfaffenheim.
18. Autel principal, réalisé par SAUR en grès des Vosges, provenant d'un
des anciens autels latéraux.
19. Custode d'une seule pièce en grès des
Vosges, découverte lors des travaux de rénovation et servant de
tabernacle.
20. Escalier hélicoïdal en bois, dont chaque
marche a été taillée dans un tronc d'arbre. Cet escalier permet à partir
de la sacristie d'atteindre le grenier situé au-dessus de la chapelle.
21. Porte voutée romane conduisant à la sacristie.
22. Ancien passage supérieur permettant aux moines d'accéder directement
à la chapelle.
23. Sacristie.
24. Ogive gothique séparant la nef du chœur.
25. Exvotos accrochés au mur du fond de la chapelle. Beaucoup sont
anciens. Certains cependant de facture plus récente ; ils rappellent,
parfois assez naïvement, que N.D. du Schauenberg apporte aide et
assistance à ceux qui l'invoquent.
Durant les années 1916 à 1918,
l'abbé Vonau s'était mis à la disposition du pèlerinage.
BIBLIOGRAPHIE
Léon JOSBERT: Geschichte der Wallfahrt und des
Wallfahrtsortes. (Mulhouse 1932)
Joseph LITZLER et Emile HINCKY:
geschichte und Schicksale des Gnadenortes U.L.Frau vom Schauenberg
(Sendbote des H. Franziskus,Metz 1920)
P. Ignace-Marie FREUDENREICH,
O.F.M., La statue de N.D. du Schauenberg.
Paul STINZI:N.D. du
Schauenberg (plaquette) Geistlicher Wegweiser: R.P. Franciscains
-Sélestat 1745
Walter Théobald: Archives de la paroisse de Rouffach.
Chroniques du pèlerinage N.D. du Schauenberg (Archives paroissiales de
Pfaffenheim)
Trifolium Seraphicum in Alsatia florens (Archives du
notaire apostolique Joseph SCHWEIGHEUSER 1770).
L. SCHAEFFLI: Images
des pèlerinages d'Alsace (Calendrier Ste Odile 1983).
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