III. LE SCHAUENBERG, PÈLERINAGE PAROISSIAL DEPUIS 1811.

 Vers la fin du mois d'août 1791, la chapelle est fermée au culte et les quelques religieux qui résident encore dans les locaux du petit couvent, quittent le Schauenberg pour des destinations diverses (34). Jusqu'en 1810, l'ensemble, comprenant la chapelle, les installations du couvent ainsi qu'un jardin restent la propriété de quatre habitants de Pfaffenheim (35). On ne peut cependant éviter le pillage. Trois habitants du village s'emparent du métal qu'ils trouvent dans les locaux abandonnés et sans surveillance et brûlent les statues et les ornements.(36). La statue de la Vierge est cependant mise à l'abri dès l'apparition des premiers troubles. Récupérée et conservée par un Pfaffenhémien, elle est placée dès le calme revenu (37), sur un autel de l'église paroissiale (38). Pendant presque 20 ans, le pèlerinage semble abandonné. On ne trouve nulle part, le moindre signe d'une activité entre 1791 et 1810. Cependant, dès les premières années du 19e siècle, on observe une volonté très forte de le restaurer. Elle émane, non pas uniquement des paroissiens de Pfaffenheim, mais également des habitants des villages environnants (39).

Des dons commencent à affluer de Pfaffenheim, de Rouffach, de Herrlisheim, de Westhalten et de Gueberschwihr (40). Les fonds recueillis suffisent à financer les travaux de remise en état (41). En 1809, une demande est faite auprès de l'évêque de Strasbourg pour obtenir l'autorisation de célébrer à nouveau le culte dans la chapelle du Schauenberg (42). Le premier mai 1810, les propriétaires rendent les locaux, acquis quelques 18 années plus tôt, à la commune  de Pfaffenheim (43). Les travaux entrepris par des artisans de la région, se terminent à la fin du mois d'août (44).

Le 3 septembre de la même année 1811, la statue quitte l'autel de l'église paroissiale, pour retrouver, portée solennellement en grande procession, sa place première sur l'autel de la chapelle du Schauenberg.

La journée du 3 septembre est pour tous les villages environnants un jour de fête et rassemble autour de la chapelle, une foule considérable de pèlerins. Appelée immédiatement « Fête de la Translation », cette cérémonie continue encore de nos jours, d'être l'objet d'un souvenir particulièrement attaché aux Pfaffenhémiens (45).

La chronique rapporte un incident que certains témoins ont qualifié de « miraculeux ». Une jeune fille de Rouffach, nommée Anna Maria Schlitzweck, tombe, ce jour-là du haut du rocher situé derrière la maison du couvent surplombant la terrasse et la chapelle. Après une chute de plusieurs dizaines de mètres, elle se relève indemne (46). Pour cette grande fête, probablement l'une des premières organisées à l'initiative des habitants de Pfaffenheim, on compose un chant de circonstance, dont malheureusement, il ne reste plus que les paroles (47). L'ancien chemin de Croix des Franciscains, partant de Pfaffenheim, est restauré. Il reste actuellement une seule croix de l'époque, datée de 1714. Les autres portent l'année 1811, ainsi que les initiales de leurs donateurs (voir plus haut). Celles de l'ancien chemin de Croix montant de Gueberschwihr et dont certaines, comme il est dit plus haut, portent les dates de 1690,1688 et 1687, ne sont restaurées qu'en 1827.

Le pèlerinage, placé sous la responsabilité du curé de Pfaffenheim se développe. Une seconde cloche est installée en 1818. Il est certain que le Sanctuaire Notre-Dame du Schauenberg devient un lieu de prières pour l'ensemble des paroissiens de Pfaffenheim et des autres villages. En 1821, un inconnu généreux et pieux, fait ériger la croix située sur le rocher à l'endroit appelé plus tard « le Mont des Oliviers ». C'est vers cette époque que l'on situe aussi la première trace de l'installation d'un orgue dans la chapelle par François Callinet (48).

Un autre événement survient en 1823. Une certaine Elisabeth Muller de Pfaffenheim, la chronique précise qu'elle est orpheline, partiellement paralysée d'une jambe à la suite d'une maladie contractée en 1817 et que les médecins de Colmar ont qualifiée d'inguérissable, retrouve l'usage de ses deux jambes et laisse ses béquilles comme ex-voto dans la chapelle. Le vendredi 5 septembre, elle décide de monter au Schauenberg, malgré les conseils de son entourage. Le Schauenberger-Buchlein de 1823, rapporte ce fait, en mentionnant les efforts physiques que doit faire cette personne pour monter depuis Pfaffenheim jusqu'à la chapelle. Après s'être recueillie devant la statue de la Vierge, elle se lève, dépose ses béquilles derrière l'autel et « retourne chez elle en courant ». Lorsqu'on 1825, l'évêque de Strasbourg, Mgr Claude Marie Paul Tharin, en tournée de confirmation, monte au Schauenberg, on lui présente Elisabeth Muller, avec qui il a un entretien.

Avec l'année 1843, le pèlerinage prend un nouvel essor dans le domaine spirituel. L'affluence des pèlerins conduit le curé Durringer à demander un second vicaire à l'évêque de Strasbourg (49). Les témoignages de satisfaction et les marques d'attachement au sanctuaire marial sont fréquents. Les nombreux ex-votos, qui tapissent actuellement le mur du fond de la chapelle, datent pour les plus anciens, de cette époque (50).
 La chronique rapporte qu'en 1860, le sieur Joseph Collenty, de son vivant, frère sacristain du Schauenberg, lègue une somme de 300 francs au pèlerinage, à la condition qu'on y célèbre tous les ans, à la fête de Saint Joseph, une grand'messe à son intention. On peut donc valablement supposer qu'une personne s'occupe de l'entretien des locaux et des objets du culte. En 1831, l'administration des Eaux et Forêts installe un garde-forestier dans une partie des locaux du couvent. La partie restante sert de logement au sacristain (51).

Avec l'arrivée de l'abbé Jean-Baptiste Edel, le 13 janvier 1860, commence une autre phase de restauration des locaux du pèlerinage. C'est de cette seconde moitié du 19e siècle que datent la plupart des statues et des vitraux que l'on peut actuellement trouver dans la chapelle ou dans les locaux annexes (52). Deux épisodes sont à signaler durant cette période. En 1867, pour apporter une aide financière aux nombreux travaux, les jeunes gens « conscrits » de Pfaffenheim, se distinguent avec une initiative fort louable. Ils organisent une quête de vin, et le vendent au profit du Schauenberg. Puis un second événement, le dimanche 30 octobre 1870, alors que des pèlerins et les promeneurs se trouvent sur la terrasse devant la chapelle, une unité d'artilleurs allemands en position entre Hattstatt et Gueberschwihr, tire sur le pèlerinage, sans atteindre personne et sans causer de dommages (53).

Signalons encore l'initiative d'un prêtre originaire de Pfaffenheim, qui réalise, le 18 février 1870, une sorte de jumelage du Pèlerinage N.D. du Schauenberg avec le sanctuaire marial bien connu « Casa Santa » de Loreto en Italie.

Quels sont les offices et les jours de fête vers la fin du 19e siècle ? Un office solennel, avec homélie, a lieu aux fêtes de la Vierge, les vendredis durant le carême, le lundi de Pâques et le lundi de Pentecôte (55). La paroisse de Pfaffenheim monte en procession solennelle à certaines fêtes mariales : à l'Annonciation le 25 mars, à la Visitation le 2 juillet (56), à la fête de la Translation le 3 septembre, à la Nativité le 8 septembre et à l'Immaculée Conception le 8 décembre. Trois processions votives ont lieu également, le jour de la fête de Saint Marc (25 avril), le lundi de la semaine sainte et le jour de la fête des Saints Innocents 28 décembre (57). A la même époque, la paroisse voisine de Gueberschwihr montre également son attachement au pèlerinage, en organisant de même pour chaque fête de la Vierge, une procession qui a lieu le vendredi suivant le jour de la fête (58).

Au début du 20e siècle, une nouvelle volonté d'agrandissement des locaux apparaît. Le nombre des pèlerins augmente et les dons sont nombreux (54). Une nouvelle image éditée vers la fin du siècle précédent, nous montre le projet de construction d'un clocher supplémentaire, plus élevé que le clocheton existant (voir image).

Ce projet d'agrandissement n'a cependant aucune suite, mais en 1910 commencent la préparation matérielle de la commémoration du centenaire de la Fête de la Translation. D'importants travaux entièrement financés par les amis du Pèlerinage, sont entrepris sous la conduite de Eugène Grimmer, vicaire à Pfaffenheim et qui deviendra par la suite curé de Bollwiller (59). On célèbre donc officiellement le centenaire de la Translation, le 4 septembre 1911 (60).
   
Dans la presse locale, des articles relatent les principaux faits de cette journée mémorable. Les cérémonies débutent la veille au soir par une procession aux flambeaux. Monseigneur Zorn von Bulach, évêque de Strasbourg arrive ce jour vers 18 heures en gare de Rouffach d'où il est conduit solennellement en grand cortège jusqu'à Pfaffenheim.

La procession aux flambeaux, partie du village, monte au Schauenberg où la cérémonie se termine vers 22 heures, avec un Te Deum solennel. Le lendemain, toute la paroisse mobilisée, monte à 9 heures en procession au pèlerinage. Quatre jeunes clercs de Pfaffenheim, revêtus de dalmatiques, portent la statue de la Vierge. Celle-ci est ensuite déposée sur l'autel principal de la chapelle. L'office commence par l'homélie du Père Rédemptoriste Humbrecht. Monseigneur Zorn von Bulach célèbre une messe pontificale avec « diacre et sous-diacre ». C'est un prêtre originaire de Pfaffenheim et résident à Paris, qui remplit la fonction de diacre. La chorale de Pfaffenheim, dirigée par le frère Ignace, enseignant à l'école élémentaire du village, chante une messe à quatre voix (60).

De nombreux articles dans les journaux d'Alsace, rapportent le déroulement de cette fête et font connaître à leurs lecteurs les faits les plus marquants de l'histoire du pèlerinage.

Une grande affluence est de nouveau enregistrée durant la période qui précède la Grande Guerre et la chronique mentionne une pratique importante, une participation suivie aux offices dans la chapelle du Schauenberg et une générosité des pèlerins ou paroissiens des villages environnants, même lorsque la vendange n'est pas satisfaisante. En 1912, la chapelle est cambriolée et la statue de la Vierge emportée (62) En 1914, dès le débuts des hostilités, nombreuses sont les paroisses environnantes qui organisent des processions et des offices au Schauenberg (63). Durant toute la durée de la guerre, on peut observer des marques de piété et de générosité, malgré les restrictions imposées par les circonstances. Des paroisses voisines se groupent pour offrir un ostensoir à la chapelle et l'évêque de Strasbourg autorise l'exposition du Saint Sacrement le premier vendredi de chaque mois. En 1916, l'abbé Emile Hincky prend la succession du curé Spressler. Il constate une diminution du nombre des pèlerins, due au contrôle des autorités militaires qui limitent les déplacements. Le 8 mai, malgré l'intervention courageuse du curé Hincky, il faut se séparer de deux cloches, réquisitionnées par les autorités militaires allemandes. Une cérémonie d'adieu est organisée par la paroisse (64).

(Texte sur le cartouche :
             Abschied der Schauenbergglocken. 8.5.1917
            Behab dich wohl und fahre fort,
            du liebes frommes Pilgerheer,
            zu wallen viel zum Gnadenort
            der heiligen Mutter hoch und hehr!
            Wir rufen nun dich nicht mehr zum Gebet,
            noch künden wir dein Freud und Leid.
            In den Krieg jetzt jedes Glöcklein geht,
            ein Zeichen dieser bösen Zeit.)

     
Signalons encore un événement, en hommage à un historien occasionnel, dont le travail de recherche sur les origines du Schauenberg a fait l'objet d'une publication dans une revue franciscaine (51). Il s'agit des 25 ans de sacerdoce de l'abbé Hincky que l'on fête au Schauenberg , le 10 août 1917. L'activité du pèlerinage doit probablement reprendre son importance, car le conseil de fabrique, réuni le dimanche de Quasimodo 1918, décide d'augmenter certaines indemnités (66). En 1919 le Pèlerinage adhère à une association, dont la dénomination « Union de prières » exprime le but et l'activité principale. Elle réunit les sanctuaires et pèlerinages suivants : N.D. des Dunes à Dunkerque, Hohatzenheim, Bonne Fontaine, Wiwersheim, Thierenbach, Neunkirch, Lutterbach,Masevaux, Marienthal, N.D. de Fourvière à Lyon et La Salette, Donremy et Lisieux. Quelle est la situation durant l'année 1927 ? La chronique III permet d'avoir une image assez nette du pèlerinage. Elle mentionne sa vitalité et la ferveur des pèlerins. Chaque semaine, hiver comme été, sont célébrées deux messes. Le premier vendredi de chaque mois et chaque vendredi durant le temps du carême sont particulièrement honorés au Schauenberg. Les offices ont généralement lieu à 9 heures du matin. Des célébrations solennelles avec exposition du Saint Sacrement se font aux principales fêtes de la Vierge, à la Saint Joseph le 19 mars, les lundis de Pâques et de Pentecôte ainsi qu'à la fête des Saints Innocents, le 28 décembre. La chronique III mentionne que le 28 décembre 1927, par un très grand froid, une procession de quelques 280 paroissiens monte de Pfaffenheim.

Les processions officiellement répertoriées à cette époque sont encore nombreuses. Il faut préciser que les chemins d'accès au Schauenberg sont bien entretenus par des paroissiens bénévoles et la commune de Pfaffenheim. Vers 1930, la liste des processions s'établit comme suit :

a) Pfaffenheim :
      à l'Annonciation, le 25 mars
      à la fête de Saint Marc, le 25 avril
      le mercredi de la semaine des Rogations
      à la fête de Saint Urbain, le 25 mai
      à la Visitation, le 2 juillet
      à la fête de la Translation, le 3 septembre
      à la Nativité de la Vierge, le 8 septembre
      à l'Immaculée Conception, le 8 décembre
      à la fête des Saints Innocents, le 28 décembre

b) Gueberschwihr :
      à la Visitation, le 2 juillet
      à l'Assomption, le 15 août
      à la Nativité, le 8 septembre
      à l'Immaculée Conception, le 8 décembre
      le dimanche de Quasimodo
      dans les premiers jours du mois d'octobre.                                          


c) Hattstatt :
     à la fête de Sainte Anne, le 26 juillet

d) Obermorschwihr :
     le mardi qui suit la fête de l'Assomption

e) Osenbach ;
      le lundi de la semaine des Rogations
      à la fête de l'Exaltation de la Croix, le 14 septembre

f) Soultzmat :
      à la fête de N.D. des Neiges, le 5 août

g) Voegtlinshoffen :
     le vendredi qui suit l'Assomption

h) Westhalten :
     le mardi de la semaine des Rogations
     à la fête de l'Exaltation de la Croix

De cette époque datent plusieurs cartes postales et des images représentant la statue de N.D. du Schauenberg, le plus souvent dans sa parure blanche, bordée de dentelles dorée et finement ornée de croix et de motifs floraux167». L'édition de 1932 du recueil de prières et de dévotions, utilisé par les pèlerins, rappelle aussi au lecteur et fidèle du sanctuaire, l'existence d'indulgences, spécialement attachées au pèlerinage (68). Rappelons également l'installation d'une crèche de Noël dans la chapelle du Schauenberg en 1928, signe d'une activité religieuse, même durant les mois d'hiver.

Un autre événement marque la vie du pèlerinage. En 1935, la chapelle reçoit deux cloches supplémentaires (69). Le dimanche 30 juin, vers 15 heures, après l'office des Vêpres, les cloches, décorées de fleurs sont présentées aux villageois, sur un charriot tiré par trois chevaux, puis montées au Schauenberg. Leur bénédiction solennelle a lieu le mardi 2 juillet, en la fête de la Visitation de la Vierge. Ce jour, trois messes sont célébrées. La première à 6 heures, par le Curé Thiebaut de Gueberschwihr qui est monté avec sa paroisse, comme chaque année. La deuxième, par l'abbé Hanauer, un enfant de Pfaffenheim. Puis vers 9 heures, un office solennel, avec l'abbé Joseph Runner, assisté des abbés Emile Gsell et Dornstetter, trois enfants de Pfaffenheim.

      La seconde guerre mondiale met les activités du pèlerinage en veille. Aucun événement important ne marque les années d'hostilités et la chapelle, les anciens locaux conventuels et la maison du garde-forestier sortent indemnes, sans dommage particulier.

Durant l'administration du curé Grabisch, aucune chronique n'est tenue. Des travaux sont cependant entrepris et des modifications apportées à l'intérieur de la chapelle. En 1947, la statue de la Vierge, qui jusqu'à ce jour est exposée sur l'autel principal dans le chœur, et transférée dans la petite chapelle latérale. Dans le chœur prend place le retable sculpté par l'artiste Joseph Sauer d'Oberhergheim (70). En 1948, on organise l'une des dernières processions solennelles avec une très grande participation des paroissiens de Pfaffenheim.
Monseigneur Weber, évêque de Strasbourg préside la cérémonie. En 1961, le 150e anniversaire de la Translation est fêté avec la participation de Monseigneur Elchinger, évêque coadjuteur.

CONCLUSION

En 1961 commence une nouvelle étape dans l'histoire du sanctuaire, entreprise par l'abbé Sigismond Kueny, curé de Pfaffenheim, qui avec enthousiasme prend à cœur de restaurer l'ensemble des locaux du pèlerinage. D'autre part il s'agit d'adapter les locaux aux besoins des pèlerins dont le nombre augmente. Avec l'aide d'un groupe de paroissiens et amis du Schauenberg, le responsable conduit les travaux en ayant le souci permanent de veiller à ce que le Schauenberg reste un lieu d'accueil, de calme et de recueillement. D'une part le renouveau liturgique, après les travaux conciliaires de Vatican 2, conduit le curé de Pfaffenheim, chapelain du Schauenberg à transformer la chapelle et à lui donner son aspect actuel.

En 1988, le pèlerinage Notre Dame du Schauenberg est connu dans toute l'Alsace et son rayonnement va certainement au-delà de la province. Lieu d'accueil, lieu de recueillement, il est le point de rencontre de nombreux pèlerins, répondant ainsi à sa vocation.

                                                                                                                                                     Bernard KELLER
 

 (36) Cf chronique paroissiale commencée par l'abbé Litzler, vicaire de Pfaffenheim en 1848 Elle rapporte les noms de trois habitants de Pfaffenheim, Heinrich Vetter, Franz Schwarz et Jacob Schieb. Leurs noms sont restés longtemps gravés sur la porte d'entrée du pèlerinage. Les voleurs auraient vendu leur butin à Munster et sur le chemin du retour, auraient perdu les pièces de monnaie, fruit de leur pillage. Le vicaire Litzler note qu'un témoin oculaire lui aurait affirmé que Heinrich Vetter, est mort dans d'atroces souffrances et que les Pfaffenhémiens auraient vu là un signe de la punition de Dieu...
(37) Cf. WALTER. Le curé Elser rouvre l'église de Pfaffenheim au culte le 5 août 1795
(38) Cf Neues Schauanberger Buchlein, Colmar, 1833, p. 14-15. Une enquête effectuée le 10 fructidor de 1 An XII, (28 août 1804), rapporte que dans l'église de Pfaffenheim, est dressé un 5e autel pour y exposer la statue de Notre Dame du Schauenberg : « suer quo reposita est imago miraculosa b. v. m. in Schauenberg huc translata ».
(39) Cf Archives de l'évêché de Strasbourg, registre N° 8 p. 163 : « Rudera loci votivi Schauenberg videntur adhuc in magna parta, et reaedificatio istrius loci sacri peregrinationibus celebris ardentissime a tota vicina desideratur ».
(40) Cf chronique. Deux habitants de Pfaffenheim, Jean Baptiste Boesch et Jean Baptiste Freudenreich, conseillers municipaux et membres du conseil de fabrique sont désignés pour percevoir les fonds et payer les dépenses de remise en état du pèlerinage. La liste des bienfaiteurs relevés dans la chronique, compte une cinquantaine de noms.
(41) La chronique précise : « c'est cette somme (3972,42 francs) relativement très modeste qui servit pour couvrir les frais de reconstruction du Schauenberg. Il est vrai que les fidèles après avoir contribué de leurs bourses, contribuèrent encore de leurs mains. »
(42) Archives de l'évêché de Strasbourg : registre 46, Liturgica. On y trouve trace d'une taxe de 50 francs, versée le 10 avril 1809. Par contre, dans la chronique, on lit : à Mgr l'Evêque pour l'autorisation de livrer la chapelle au culte 25 francs ».
(43) ADHR et chronique paroissiale. « Nous les soussignés Veuve Antoine Runner, Sigust, Flesch et André Boesch, propriétaires du ci-devant couvent des Récollets situé sur la montagne appelée Schauenberg, de l'église y attenant et de l'habitation des domestiques, ensemble d'un jardin d'environ deux schatz (8 ares) : déclarons par la présente qu'en nous rendant adjudicataires des immeubles dont il s'agit près du ci-devant district de Colmar, sous la date du vingt sept février 1793, et en acquittant le montant de notre adjudication entre les mains du receveur Reiset le quatorze mars de l'an deux, nous n'avons pas eu d'autre intention que de conserver les bâtiments dont il s'agit au culte divin auquel ils ont été consacrés de tout temps, nous réitérons derechef notre intention déjà prononcée en 1793 et faisons par la présente l'abandon entier de tous nos droits de propriété qui nous comptent sur ce même bâtiment et ce au profit de la commune de Pfaffenheim dans le ban de laquelle ils sont situés, et à laquelle nous transportons tous les droits qui résultent à notre profit du contrat du 27 février 1793 sous la condition formelle que ladite église située audit Schauenberg sera rétablie en oratoire, qu'elle continuera à être entretenue à l'usage de la dévotion des fidèles et qu'il sera pourvu tant audit entretien qu'au rétablissement dont il s'agit aux frais de ladite commune.
Fait à Pfaffenheim le premier mai 1810. Signé Flesch, Boesch, Sigust, Runner.
On peut observer que les quatre copropriétaires abandonnent tous les droits sur le Schauenberg au profit de la commune et non pas à celui de la fabrique de la paroisse.
(44) Cf chronique : Cejourd'hui le 11 juin mil huit cent dix, à la maison commune de Pfaffenheim, Nous, Maire, l'adjoint, Jean-Baptiste Freudenreich, Jean-Baptiste Boesch les deux membres du conseil nommés pour percevoir les fonds et payer les dépenses pour la chapelle dite Sehauenberg, nous nous sommes rendus avec tous les conseillers municipaux au jour ci-dessus mentionné à la maison commune pour nous accorder avec le citoyen Jean Jacques Nester, maitre-charpentier patenté, touchant la reconstruction de la chapelle ou de l'église dite Notre Dame du Schauenberg sise dans la banlieue de notre commune, ayant préalablement obtenu la permission de Sa Grandeur l'Evêque de Strasbourg et de Monsieur le Préfet du département du Haut-Rhin et après délibération nous sommes convenus de ce qui suit : La description ainsi que le devis des travaux sont rédigés en langue allemande. Ce document est très intéressant sur le plan technique. Le vocabulaire spécialisé de la profession utilisé par le maitre-charpentier comporte des mots inutilisés actuellement. Les unités de mesure employées sont celles du système décimal. Elles sont cependant doublées, entre parenthèses, par leurs équivalents en Zoll, unité qui dans ce document, vaut approximativement 27 mm. Il y est également précisé dans le 5e article que toute la ferraille, la visserie et les clous sont fournis par la commune voisine de Husseren.
(45) Cf le Grand Livre de la Fabrique de l'église : « Cejourd'hui le 3 septembre 1811 eut lieu la bénédiction de l'église de Notre-Dame de Schauenberg qu'on vient de restaurer ; la statue miraculeuse solennellement et processionnellement transférée de notre église paroissiale au Schauenberg où après la bénédiction de l'église eurent lieu un sermon et une grand'messe. M. le curé de la paroisse et la commune de Pfaffenheim sont donc priés de faire, en mémoire de cette fête, chaque année une procession avec sermon et grand'messe au jour ci-dessus indiqué. Fait à Pfaffenheim le jour, mois et année comme ci-dessus ».
(46) Cf Neues Schauanberger-Buchlein et Chronique.
(47) II s'agit d'un chant en langue allemande comportant 14 couplets, intitulé « Freudenlied des Translationsfestes vom Schauenberg ». Le premier couplet et le refrain en donnent un aperçu.
                                              Steig' vom Himmel auf die Erde,
                                              Du beglückte Engelschar !
                                              Hilf begleiten uns're Werte,
                                              Bringe Lorbeerkränze dar !
                                Refrain : Himmelsgeister lasst euch nieder,
                                               Heut' besteigt Maria wieder
                                              Ihren lang verlass'nen Thron.
                                              Flechtet ihr die Siegeskron'.

La mélodie n'est malheureusement pas connue. Un deuxième cantique est composé, sur l'air bien connu du chant de Lourdes, par le frère Aloyse Oser. O.S.B., dans les dernières années du 19e siècle. Il rappelle surtout l'historique du pèlerinage en quelques 33 couplets ! En 1983, lors de la commémoration du cinq centenaire du Schauenberg, quelques personnes relativement âgés, en visitant l'exposition dans l'ancienne salle des pèlerins, se sont souvenus de ce chant qu'il chantaient dans leur enfance.
(48) Cf document manuscrit : « Etat du buffet de l'orgue érigé dans l'église Notre Dame du Schauenberg par François Callinet facteur d'orgues à Rouffach. Cet orgue a été donné par le sus-nommé aux conditions verbales que le buffet et devanture de la tribune seraient fournis aux frais pris des revenus de l'église et dons faits par des particuliers qui voudront bien y contribuer.
article 1 : un buffet avec ses côtés, derrière et boite, renfermant les claviers. Le tout avec six portes ouvrantes et fermantes à clef suspendue avec penture et verrou, le buffet portant neuf pieds huit pouces de hauteur, six pieds six pouces de largeur et trois pieds de profondeur, le tout à panneaux et battant, pour ce ... 150 F.
article 2 : La façade du buffet a trois tourelles avec ses corniches, ainsi que la ceinture et deux plates faces ornées de sculptures taillées dans les corniches et moulures, cul de langues, draperies, guirlande, vase et palmier, voussure garnissant le dessous de la saillie du buffet. En outre les deux accotoirs de six pieds chacun de hauteur, y compris le grillage qui les surmonte, le tout en beau et bon bois de chêne, pour ce....150 F.
Le petit orgue a subit depuis, plusieurs restaurations, par un artisan facteur d'orgues local, restaurations plus ou moins heureuses. Il sert jusqu'en 1965. Acquis ensuite par un particulier d'un village voisin (Obermoschwihr), qui le remet en valeur avec beaucoup de succès.
(49) Cf extrait du Grand Livre de la Fabrique: « Cejourd'hui trois décembre mil huit cent quarante trois, le conseil de fabrique de l'église de Pfaffenheim réuni sous la présidence de Marc Schmitt turent présents M. Durringer, desservant, Riss, Meistermann, Bildstein maire, Frick, adjoint et Runner trésorier. Apres avoir entendu le rapport de M. le curé duquel il résulte :
1. Que le nombre de pèlerins à Notre Dame du ''Schauenberg est journellement très considérable et que par la suite du service nécessaire à la paroisse, ils sont privés de la consolation d'assister au saint sacrifice de la Messe quoiqu'ils y viennent quelquefois de bien loin, inconvénient auquel il est impossible de remédier sans le secours d'un second vicaire.
2 Que plusieurs âmes charitables se sont offertes de concourir par des dons à l'entretien d'un prêtre dont le ministère serait si utile et si nécessaire.
3 Que ces offres ont déjà été réalisées en partie vu que M. le curé a reçu et déposé entre les mains du trésorier
  a) d'une personne qui veut rester inconnue la somme de cinq cents francs
  b) d'Elisa Flesch, veuve de feu Mathieu Clemenz la somme de six cents francs et enfin de M. Humbrecht François Joseph, membre du Conseil municipal la somme de mille francs déjà placée contre deux obligations.
4. Qu'il y a encore d'autres promesses et que tous ces bienfaiteurs n'imposent d'autres charges que de faire un mémento autant de fois que le saint sacrifice de la Messe sera célébré dans la dite église par un des vicaires.
S'il arrivait cependant tôt ou tard pour une raison quelconque qu'il n'y eut pas de second vicaire pendant un temps considérable, les fondateurs exigent au prorata que des grand-messes soient chantées pendant l'Avent dans l'église paroissiale aussi longtemps que leur première intention ne pourra être exécutée.
 Cette seconde disposition cessera néanmoins d'avoir son effet dès qu'on pourra se conformer à la première.
Le Conseil vu la justesse du rapport de M- le Desservant et considérant que ces dispositions sont très favorables à notre sainte religion, désirant en outre seconder la piété des fidèles est d'avis que ces dons soient acceptés provisoirement sous les conditions et charges énoncées, et charge son trésorier de les placer légalement aussitôt que Mgr l'Evêque les aura approuvées pour les revenus annuels en soient employés à l'entretien d'un second vicaire, ou, à défaut de l'accomplissement des secondes dispositions, et comme cette somme est insuffisante, le conseil est d'avis que le reste soit prélevé sur l'offrande de la dite chapelle jusqu'à concurrence de quatre cent cinquante francs .Suppliant enfin Monseigneur l'évêque de vouloir bien approuver et autoriser les dispositions de notre présente délibération, nous donner un second vicaire et ordonner que les deux partagent ensemble la besogne et le traitement. Fait et délibéré le jour, mois et an que dessus. Signé ; Bildstein, Riss, Meistermann, Schmitt, Durringer »
La chronique II tenue par le vicaire apporte un commentaire : « on voit bien que les vicaires n'ont pas assisté à cette délibération : ils auraient prié M. le curé dont ils devaient aussi partager la besogne, de partager également avec eux son traitement".Sans commentaires. Le nouveau vicaire arrive le 24 décembre 1843.
(50) II s'agit d'une trentaine d'ex-votos, tableaux peints représentant avec beaucoup de naïveté et montrant avec beaucoup de réalisme l'objet de l'intervention de N.D. du Schauenberg ou l'aide apportée. L inventaire de ces ex-votos fera le sujet d'un chapitre particulier.
(51) Cf chronique.
(52) Les statues de Bartha de Rouffach, les vitraux de Waeckerle de Guebwiller offert par le chanoine Lichtlé de Pfaffenheim, l'aménagement de la nef,... et en 1889 l'installation des trois cloches seront traités dans un chapitre particulier retraçant l'ensemble des modifications de ce lieu de culte au fil des ans et au gré des desservants.
(53) Cf chronique. Des traces sont encore visibles sur le mur de façade de la chapelle et un obus est conserve dans la maison du pèlerin. On peut également lire la date du 30 octobre 1870 sur une dalle du pavage de la terrasse. Un vitrail, offert en 1872 par le curé Ehrard et la paroisse de Gueberschwihr rappelle cet événement.
(55) Cf Geschichte unseren lieben Frau vom Schauenberg bei Pfaffenheim, Rixheim 1896, p. 66.
(56) Dans ce même livret, il est mentionné que la Fête de la Visitation est considérée comme la « Patronsfest des Schauenberges ». Actuellement la fête la plus importante est le 8 septembre.
(57) On retrouve la procession du 28 décembre dont il est question dans la Kirchenordnung de Pfaffenheim de 1661.
(58) Cf Rixheim p. 67.
(54) Cf chronique. Pour les années 1900,1901,1902 le nombre des communions est 1150,964,1066 et celui des pèlerins est 12600,13556,14234. Le constat est assez surprenant. Le nombre des pèlerins est croissant et le nombre des communions diminue. Les dons sont toujours soigneusement mentionnés dans la chronique. Avec l'indication de la somme versée, figure avec précision le nom du donateur, s'il est connu et son origine. Les dons des particuliers varient en 1900, de 1 à 30 francs, et les paroisses versent souvent de 100 à 200 francs
(59) Le maitre-ébéniste Klem de Colmar, dont Saur sera l'élève, réalise des stalles en chêne. Le peintre Guido Remi von Runge de Mulhouse peint une « Assomption » au plafond de la nef et J.A. Berger de Rouffach modifie l'orgue Callinet, en ne respectant pas suffisamment la facture originelle. Environ 5000 exemplaires en argent et en bronze, sont frappés et vendus au profit du pèlerinage. Certains Pfaffenhémiens en possèdent encore.
(60) Le jour de la fête est reportée au 4 septembre pour des raisons « légitimes » précise le chroniqueur.
(61) La chronique rapporte que l'organisateur de la manifestation est l'abbé Félix Spressler, curé de Pfaffenheim, aidé de son vicaire, l'abbé Eugène Grimmer. La procession monte au Schauenberg en chantant « Steig vom Himmel auf die Erde...» comme en 1811.
(62) La presse locale rapporte l'événement. Dans la nuit du 14 au 15 mars 1912, un ou plusieurs individus s'introduisent dans la chapelle, par l'une des fenêtres du côté de la montagne. N'ayant pu ouvrir le tabernacle, ils quittent la chapelle par la porte latérale en emportant la statue de la Vierge. Une enquête a lieu et on amène même un chien-policier de Mulhouse sur les lieux. On organise une fouille méthodique des abords et deux enfants de Pfaffenheim, Victor Costanzer et Armand Freudenreich, âgés d'une dizaine d'années trouvent l'un, la statue, l'autre son socle, à une dizaine de mètres de la Pierre du Diable.
(63) Dans la chronique figurent les paroisses d'Oberhergheim, Niederhergheim, Munwiller, Reguisheim, Sainte-Croix, Banzenheim, Bergholtz, Bergholtz-Zell, Rouffach, Gundolsheim, Soultzmatt,Westhalten, Winzfelden, Osenbach, Gueberschwihr, Hattstatt, Herrlisheim, Egisheim, Voeglinshoffen, Obermorschwihr, Husseren, Orschwihr, et un groupe des environs de Sélestat.
(64) II s'agit des cloches « Alma Maria » et « Anna ». Grâce à l'intervention courageuse du curé Hineky, la plus petite des cloches « Theresia » n'est pas emportée par les militaires. Une petite carte postale est éditée pour garder le souvenir de cette journée. Il faudra attendre l'année 1935 pour retrouver deux nouvelles cloches.
(65) Jos. LITZLER, E. HINCKY, « Geschichte und Schicksale des Gnadenortes U. L. Frau vom Schauenberg bei Rufach im Elsass, in Sendbote des heil. Franziskus, Metz 1920 (Januar-Juni ; p. 15 s., p. 24 ss., p. 45 s., p. 61 s., p. 78, p. 97).
(66) Cf chronique. Le Dimanche de Quasimodo 1918, le Conseil de Fabrique décide d'augmenter certaines indemnités : 1. pour le curé Hincky, 60 marks au lieu de 48 pour les processions. 2. pour le vicaire Wattron, 160 marks au lieu de 100 en gratification. 3. pour les enfants de chœur et les chantres, 20 marks au lieu de 6 ; de même, l'indemnité de « suisse », versée à M. Clementz, est augmentée à la condition toutefois qu'il accompagne au moins les quatre grandes processions qui montent de Pfaffenheim au Schauenberg. 4. le frère Ignace touche 50 marks au lieu de 40. 5. un second frère des écoles, le frère Emile est prévu pour Pfaffenheim.
(67) L'histoire de la statue, de sa parure et de son imagerie fera l'objet d'un chapitre particulier.
(68) Le 29 avril 1717, le Pape Clément XI accorde une indulgence particulière au pèlerinage du Schauenberg. En 1930, le petit livre de prières en langue allemande en usage au Schauenberg, mentionne à la page 284 quatre indulgences. Une indulgence non plénière de 7 ans et 7 fois 40 jours est accordée à tous les pèlerins repentants, de cœur sincère, qui montent à la chapelle aux fêtes de la Vierge et les vendredis (S. Poenit. Apost. 20.08.1931). Une indulgence plénière à tout participant à une procession ou à un pèlerinage organisé, sous réserve de communier et de prier à l'intention du Saint Père (S. Poenit. Apost. 20.08.1931). Les indulgences accordées dans le cadre de l'Affiliation de N.D. du Schauenberg à la Sainte Maison de Loreto. Les indulgences accordées dans le cadre de l'Union de prières, de 1919.
(69) II s'agit des cloches, appelées « Maria » et « Joseph ». Les parrains et marraines sont : pour la première, Mme Marie Runner, Mme Anna Lach, M. Ignace Hehlmbacher, Marie et M. Charles Gsell, Adjoint. Pour la seconde, Mme Joséphine Ruolt, Mme Emilie Muller, M. Théophile Meistermann et M. Eugène Freitag.
(70) Triptyque en bois commencé le 1er mars 1945 et achevé le 22 juillet 1946. Il nécessite 1717 heures de travail et 1,5 mètre-cube de chêne, 2 mètres-cubes de tilleul et 6 mètres-cubes de sapin.
Un chapitre particulier traitera des statues, vitraux et du retable.
 

                                                                                                                                1  2   4  5   6  7