4. Les positions du curé et du prévôt en 1766

Le 7 octobre 1764, Ignace Jeg, chapelain de Schauenberg depuis 1762, donne sa démission par un acte passé devant notaire (26). Les raisons de cette décision ne sont pas connues, la durée réduite de son passage comme chapelain du Schauenberg peut cependant être le signe de l'existence d'un malaise autour de la fonction. Ignace Jeg qui n'a qu'une expérience de vicaire durant deux ans, ne maîtrise probablement pas suffisamment la situation. Ses prédécesseurs depuis 1697 occupent respectivement les fonctions de chapelains pendant 16, 32 et 17 ans. C'est dans une lettre adressée à l'évêque de Bâle que le curé André Muller désigne, comme il en a le droit, le successeur de Jeg. Il s'agit de André Sommereisen, originaire de Rouffach, vicaire à Gueberschwihr de 1753 à 1756, puis vicaire à Rouffach de 1762 à 1764. Il sera chapelain du Schauenberg de 1764 jusqu'à sa mort en 1772.

Le curé rappelle que le droit de désigner le chapelain du Schauenberg lui appartient : « le patronage et le droit de présentation appartient à nous curé du dit Pfaffenheim, à condition cependant que nous présenterons le sujet qui nous sera recommandé par le prévôt et gens de justice du lieu, s'il s'y en trouve un bon et habile prêtre originaire de l'endroit ou apparenté... »(27) Le prévôt et les gens de Justice remettent au curé leur droit de recommandation d'un sujet dès le 28 octobre (28).

Les relations « administratives » entre les différentes parties gravitant autour du pèlerinage ou couvent du Schauenberg doivent avoir atteint un degré de tension tel que l'année suivante en 1766, se déclenche un ensemble de démarches et d'interventions de tout genre.
Tout d'abord le prévôt Bussy de Pfaffenheim officialise le 13 avril 1766, l'accord de cession du Schauenberg aux récollets. Pour certains actes, il est nécessaire de citer le texte intégral, afin de respecter l'esprit des intervenants et le contexte souvent très flou, voire de contradiction dans lequel certaines décisions importantes et pouvant engager l'avenir de façon hasardeuse, sont prises.

« En vertu d'un décret de Sa Grâce Monseigneur l'Intendant, du 16 novembre 1765, comme suite à la requête du révérendissime père provincial du saint ordre de François et du RP George Gschickt, actuel supérieur au Schauenberg, qui désirent acquérir la chapelle et les dépendances appartenant à la communauté de Pfaffenheim, c'est pourquoi, le prévôt et les gens de Justice, en réponse à un acte présenté par les RP, il y a 10 jours environ, disent que le don de la fabrique du Schauenberg doit être fait, et la totalité du fonds cédé aux pères, à condition que les dits pères prennent à leur charge maintenant et pour toujours, tout ce qui était jusqu'à présent à la charge de la communauté de Pfaffenheim et à de la fabrique, concernant la chapelle et ses dépendances, et qu'ils se portent garants de cette cession, et qu'ils doivent rester aux droits et contenu de la transaction de 1704. Donné à Pfaffenheim dans la chambre du conseil, le 13 avril 1766 et ont signé comme préposés après avoir recueilli les voix de l'ensemble des membres de la communauté. Signé Bussy, Martischang, Meistermann, Joseph Diringer »(29).

Les récollets tardent à donner une réponse à la proposition de Bussy. Le projet de cession ne leur convient-il pas exactement ou bien ne voient-ils pas la nécessité de se presser? Toujours est-il que le 17 septembre, le prévôt Bussy, le receveur de la communauté et un certain nombre de préposés s'adressent-ils par écrit au RP supérieur. Ils lui font savoir que la proposition de cession leur a déjà été notifiée deux fois et que maintenant Monsieur l'Intendant les autorise d'exiger que les religieux fassent faire les travaux nécessaires(30)

Le 19 septembre, le supérieur George Gschickt prend connaissance du contenu de la lettre que lui présente Antoine Diringer, désigné de droit pour cela. Il émarge ce document en présence de deux préposés de Pfaffenheim, Michel Gerber et George Plopf, désignés comme témoins (31).
A quelles conditions le prévôt Bussy cède-t-il le Schauenberg aux religieux ? Rappelons que le curé n'est pas d'accord, malgré la clause de sauvegarde contenue dans ce nouveau contrat pour ne pas léser les intérêts du curé et du chapelain. La chronique du vicaire Litzler, commencée en 1848 et à laquelle font référence la plupart des historiens du Schauenberg cite :« Les pères cédaient à l'hôpital de Pfaffenheim tous les biens fonds qui appartenaient au Schauenberg et se réservaient toutes les offrandes. Pour ne pas léser les intérêts du curé et du chapelain, le receveur de l'hôpital devait payer tous les ans 20 livres steblers au curé et 5 livres au chapelain. Faculté serait laissée aux pères de chercher gratuitement les pierres, et moyennement un prix équitable le bois nécessaire pour les constructions. Il leur était permis de chercher l'eau partout où ils en trouveraient, la commune leur fournirait gratuitement une première fois les conduits de bois, et les céderait toujours dans la suite contre un prix équitable ». On y indique aussi que ce nouveau contrat est signé le 21 septembre 1766 devant le notaire et contresigné par Josué Ricklin provincial des franciscains.

Quelles sont les raisons qui conduisent le prévôt et le curé à avoir des avis totalement différents sur l'avenir du Schauenberg ? Le premier voit-il dans la cession complète de l'ensemble du pèlerinage à l'ordre des franciscains une solution pour éviter à la communauté de Pfaffenheim la lourde charge de l'entretien des bâtiments ? Le second y ressent-il une atteinte à ses droits personnels ou craint-il que ses paroissiens ne le quittent, attirés par la pratique religieuse plus dépouillée et paraissant plus sincère que prêchent et vivent ces religieux ? Rappelons que le rayonnement du couvent des franciscains de Rouffach est certain, et qu'une très grande majorité des religieux du XVIII° siècle originaires de Pfaffenheim, se trouve parmi les ordres mendiants et particulièrement chez les récollets.
Dans le chapitre suivant, la lecture du rapport du recteur Rieden adressé à l'évêque de Bâle en 1767, permet de mieux cerner la personnalité du curé André Muller et surtout celle du chapelain André Sommereisen.

5. Inspection générale du Schauenberg de 1767 à la demande de l'Evêque de Bâle

Par un décret du 14 mars 1767, Simon Nicolas de Montjoie, évêque de Bâle de 1762 à 1775, charge Christophe Rieden, juré du chapitre rural Citra Colles et ancien curé de Soultz, d'effectuer une enquête détaillée sur le Schauenberg avec visite et inspection des lieux. Ce prêtre, malgré son âge et certaines infirmités remplit cette délicate mission avec beaucoup de soin et de précision, faisant appel à des maîtres dans les professions du bâtiment extérieurs à Pfaffenheim. Il dresse un état des lieux très complet, accompagné par Joseph Gassman, prêtre primissaire à Rouffach et qui sera en 1780, le syndic chargé de défendre les intérêts des récollets.

Le 7 avril suivant, Rieden monte donc au Schauenberg, accompagné de Gassman, faisant fonction de secrétaire-greffier. Dans un procès-verbal de 11 pages, rédigé en français, sauf les deux pages du rapport des experts, il donne une description complète de l'état des locaux et précise surtout les conditions dans lesquelles il procède à cette inspection. Sont convoqués ce jour, d'une part le père George Gschickt, supérieur du couvent du Schauenberg, le père Ferdinand Scheck, définiteur résidant à Rouffach et représentant le P. Josué Ricklin, provincial des franciscains, et d'autre part le curé André Muller et le chapelain André Sommereisen.

Fort habilement Rieden rappelle que les deux parties ont été régulièrement convoquées, comme le prouvent les accusés de réception et leur fait part des différentes décisions de la communauté de Pfaffenheim relatives à la cession du Schauenberg aux récollets. Il écrit : «... avant que nous voulions nous transporter dans la dite chapelle, sont comparus le sieur Charles Bussy, prévôt de Pfaffenheim avec les bourgmaistre, gens de justice et élus et dix sept bourgeois du dit Pfaffenheim, après que nous leur avons fait la lecture de la dite requête, décret du quatorze mars dernier, et de notre ordonnance du premier avril, leur avons demandé s'ils confirment et ratifient la cession faite ; le sieur prévôt a dit pour réponse oui, qu'il confirme, ratifie la cession qu'il avait faite aux RRPP récollets du dit Schauenberg le treize d'avril l'année mille sept cent soixante et six pour sa personne et a signé Bussy »

Donc aucun doute n'est possible. Rieden confirme devant les personnes citées et réunies au Schauenberg, le souhait de le céder aux récollets, exprimé le 13 avril 1766 par le prévôt Bussy et les responsables de Pfaffenheim.

Puis continuant son exposé, il annonce sans faire de commentaire, qu'une majorité des responsables de la communauté qui se sont prononcés pour la cession en 1766, se rétracte maintenant et n'est plus d'accord. Il déclare : « ...sont comparus les bourgmaistre, gens de justice, élus et les dix sept bourgeois, après les avoir demandé s'ils voulaient consentir à la même requête du quatorze mars dernier, que les RRPP récollets ont présenté à Monseigneur l'évêque de Bâle, ont répondu que non, mais qu'ils voulaient se tenir à la convention faite entre eux et les dits Révérends pères de l'année mille sept cent et quatre...... les dits bourgmaistre, gens de justice, élus et dix bourgeois s'opposent formellement et rétractent leurs signatures...... et disent qu'ils veulent faire les réparations nécessaires après la visite faite... ». Rieden note aussi que ces mêmes personnes de Pfaffenheim s'engagent, si les revenus de la fabrique ne suffisent pas, à contribuer aux dites réparations de leurs propres moyens, pour cette fois-ci, mais pas pour l'avenir. On peut remarquer que l'influence du prévôt Bussy a du être prépondérante lors de la décision de 1766. Rieden y reviendra de façon plus précise dans le rapport qu'il transmettra à l'évêque de Bâle.

Faisant ensuite comparaitre le curé Muller, il lui fait remarquer que ses titres de l'admission pour le curé de Pfaffenheim ne comportent point de mention de la dite chapelle. Par conséquent, il lui demande officiellement s'il veut avec les revenus et offrandes appartenant à la chapelle, faire faire les réparations nécessaires. Le curé Muller est d'avis que cela ne regarde nullement la qualité du curé, qu'il laisse tout cela à qui il appartiendra et qu'il se tient aux clauses du contrat du 5 mars 1704 et au décret donné par l'évêque de Bâle le 24 janvier 1707 (32).

Après cette mise au point concernant les travaux matériels, le recteur Rieden demande au curé, s'il veut « conserver le pèlerinage du Schauenberg, augmenter la gloire de Dieu et la dévotion de la Ste Vierge pour la consolation des pèlerins, en prêchant, disant la messe, entendre la confession ». Sa réponse est courte et nette : « ...de sa vie il n'a su ce que c'est de refuser, ni d'épargner des peines et travaux, qui peuvent contribuer au salut des fidèles ».

A ces mêmes questions, le chapelain Sommereisen répond : « cela n'a jamais regardé le chapelain du Schauenberg et de Pfaffenheim, et qu'il veut jouir de tous les droits et prérogatives de ses prédécesseurs et qu'il laisse les réparations à ceux qu'il appartiendra, et qu'il se tient simplement à la fondation faite l'année 1483 et à la transaction faite entre la communauté de Pfaffenheim et les récollets du Schauenberg ».

Avant d'entreprendre la visite des locaux, Rieden donne acte aux parties de leurs dires et réquisitions. Il prend également acte des déclarations du curé et du chapelain, comme n'étant pas nantis d'autres titres, et de la rétractation des préposés de la communauté de Pfaffenheim au sujet de la cession.

Pour conserver la clarté nécessaire dans cette évocation, il est préférable de faire figurer en notes le rapport d'inspection dans son intégralité. Il s'agit de l'unique document connu, rapportant avec une grande précision l'état des locaux de la chapelle et des dépendances du Schauenberg après une occupation de plus de 60 ans par les franciscains (33).
 

 Après cette visite et après avoir dressé un état des lieux, le recteur Rieden rend compte de sa mission à l'évêque de Bâle (34).

Il écrit sans ambiguïté qu'il ne comprend pas le comportement du curé dont les intérêts ne sont aucunement lésés dans le projet de cession : « ...quelqu'avantageux que soit à la communauté de Pfaffenheim le projet de cession à faire aux récollets du Schauenberg des revenus et offrandes de la chapelle du lieu, moyennement que ces derniers se chargent de l'entretien des bâtiments qui en dépendent, ce projet vient de rencontrer néanmoins des contradictions aussi peu attendus qu'elles paraissent déraisonnables, la première procède du fait du sieur curé de Pfaffenheim dont la conduite ne parait n'être guère des mieux réfléchies... d'où il semble que son propre intérêt devrait le porter à donner les mains à l'arrangement proposé ».

Présentant ensuite à l'évêque la personnalité du curé André Muller, il cite : « ...flatté de cette circonstance, il envisage comme une prérogative éminente, à laquelle il croirait donner atteinte en consentant à une cession qui  n'y touche, qu'autant qu'elle lui ôte sa portion d'injonction que sa qualité lui attribue sur le temporel de la chapelle ».
Enfin Rieden se permet de porter un jugement sur la qualité du travail pastoral du chargé d'âmes de Pfaffenheim : « ...il est encore à naître que ce pasteur mette en œuvre son zèle pour le salut des âmes dans ce pèlerinage. S'il y vient de temps en temps, c'est bien plutôt pour faire montre de sa préséance et de retirer sa part des troncs, tandis qu'il laisse le soin de tout le reste aux RP et n'a pas hésité jusqu'ici de les charger des 5 à 6 feux placés à Osenbuhr, situé à une petite lieue derrière le Schauenberg, conséquemment la partie la plus pénible », et il conclut : « dans ces circonstances l'on peut conclure que sa résistance n'est que l'effet d'une vaine gloire, la dissimulation et la réserve affectée avec laquelle il a répondu lors du procès-verbal, autorisant à le croire ».

Il soupçonne même le curé d'être à l'origine de la rétractation citée plus haut : « ...l'on vient à la rétractation des 17 bourgeois. Rien n'est plus singulier que cette rétractation que l'on est tenté de regarder comme un ouvrage prémédité du sieur curé, puisque le commissaire soussigné n'a appelé à son opération que le sieur Bussy et les échevins. Le premier a persisté dans son sentiment de consommer la cession parce qu'il a passé l'avantage et la commodité qui en résultait à la communauté dont les intérêts lui sont confiés. Les 17 bourgeois (en marge : le bourgmaistre et les échevins) s'y sont refusés sans avoir pu indiquer aucun grief, encore moins prouvé que la communauté en pouvait souffrir dans la suite ».

Rieden explique que la plupart des 17 bourgeois mentionnés ci-dessous, appartiennent « à ce qu'il y a de plus bas dans la bourgeoisie... et entraînés sans doute par une sollicitation tierce ». Il n'approuve évidemment pas cette façon de procéder et n'envisage pas d'autre éventualité pour sortir de cette situation que celle de céder le Schauenberg aux récollets.

Enfin il chiffre, aidé par les experts maçon et charpentier qu'il a convoqués, les travaux indispensables à 4000 livres, somme dont ne dispose pas la communauté de Pfaffenheim. En conclusion, compte tenu de tous les arguments évoqués, il estime à l'intention de l'évêque de Bâle : « ...qu'il y a lieu d'accorder votre approbation à la cession proposée et autorisée du commissaire de la province, ce faisant ordonner que le lieu de Schauenberg sera et demeurera démembré à l'avenir de la cure de Pfaffenheim pour les fidèles y être desservi et administré par les RRPP récollets résidant à l'hospice du dit lieu, sauf à changer, augmenter ou diminuer dans la suite suivant l'exigence du code »(35).
Le curé de Pfaffenheim, de son côté, ne se considère pas battu. A l'évêque de Bâle qui lui a fait part du souhait exprimé par les franciscains, il écrit : « ...qu'il ne s'opposera jamais à ce qui peut contribuer à la plus grande gloire de Dieu et à l'augmentation de la dévotion à la Très Sainte Vierge ; mais les droits de son bénéfice ne lui permettent pas de donner les mains à la cession qu'on sollicite et la communauté de Pfaffenheim n'a point qualité suffisante pour la faire... le suppliant entrera avec le même zèle qu'ont eu les prédécesseurs en tout ce qui pourra contribuer au maintient et à la décoration du pèlerinage... mais il est de son devoir de maintenir comme eux les droits paroissiaux qui lui appartiennent incontestablement dans ce lieu saint de même que dans l'église baptismale du lieu »(36).

Le curé André Muller confirme donc son avis : « il est sensible que cette juridiction (la juridiction paroissiale du curé), ainsi que l'état du bénéfice de la chapellenie serait incompatible avec la cession de l'église à un ordre religieux ».

Finalement, en cette fin de l'année 1767, le pèlerinage du Schauenberg reste « cédé » aux pères récollets par la communauté de Pfaffenheim, malgré l'opposition du curé et avec l'accord de l'évêque de Bâle.
André Sommereisen, chapelain du Schauenberg décède en 1772. La nomination de François Joseph Deninger, prêtre à Rouffach, proposé par le curé de Pfaffenheim, est acceptée par l'évêque de Bâle le 3 novembre 1772 (37).Le conseil souverain d'Alsace enregistre cette nomination et rend exécutoire ses droits (38).


(26) François Ignace Jeg, né à Rouffach le 6 janvier 1732. Vicaire à Friesen, puis à l'âge de 32 ans, il est chapelain de ND du Schauenberg. Après sa démission, il est chapelain des Trois-Rois à Rouffach (1764-1792). En décembre 1791, il reste à Rouffach, malgré l'arrêté du 2 novembre. Il est signalé comme déporté. Amnistié en 1802, on le retrouve prêtre à Rouffach où il meurt le 14 août 1807.

(27) Cf minute de Chauffeur l'aîné, rédigé pour les besoins du procès de 1786. Il s'agit d'une lettre du curé André Muller à l'évêque de Bâle.
(28) Cf minute de Chauffeur l'aine : « si M. le curé pouvait se faire donner un nouvel acte du prévôt et préposé ou gens de justice de Pfaffenheim qui fut daté du jour qu'il lâchera sa présentation, ce ne serait que mieux. Car il ne convient pas que les gens de justice donnent à M. le curé de nommer sans leur concours soit antérieur à la vacance du bénéfice qui ne date que du jour de l'ampliation de la démission du dernier titulaire ».
(29) ADHR 141 J 262
(30) ADHR 141 J 262. Neuf signatures supplémentaires figurent sur cet écrit destiné au père supérieur
(31) Les signataires suivants sont mentionnés : Johan michael flesch als burgermeister, lichtenberger, kueny, dorfler, meistermann, wintzenrieth als aufschutz- antoni hanauer, mzarx furodt, michel schaflin, michel veber,georg diringer,Johan michel freitag Joseph hofer, lindscher, Joseph diringer, diebolt, pflanzmeyer, anton martin, anton rosé, mathieu bruchs, thomas frauer, ignati dirringer, michel meisterman, martin rosé.
(32) Rieden cite en plus un contrat datant de 1707 dont on ne trouve trace nulle part ailleurs.D'après le contexte, il ne peut que s'agir d'une confirmation du contrat de 1704.

(33) ADHR 141 J 264 Etat des lieux.
1. que le crépissage de l'extérieur de la chapelle est endommagé par l'intempérie dans plusieurs endroits, et même détaché et tombé entièrement dans quelques-uns, qu'il est d'une nécessité urgente de le bousiller et rétablir, que le mur qui sert d'appui au chemin qui conduit à l'hospice des R. pères, passant à côté de la chapelle, et qui était ci-devant de largeur de dix pieds, est actuellement réduit aux deux tiers, ce que nous avons observé de provenir de l'écroulement du dit mur d'appui, et comme la rampe est entièrement raide dans cette partie, il est indubitable, que tout le reste de ce chemin écroulera insensiblement, jusqu'au pied de la chapelle, dont les fondements risquent de manquer en sorte qu'il est dans la nécessité indispensable d'y pourvoir incessamment en élevant le mur d'appui dans son ancien état en pierre de taille, et pour le garantir d'un écroulement ultérieur de poser des contreforts au pied du mur.

2. nous avons observé que dans la fontaine établie au dit lieu, tant pour l'usage des journaliers des R. pères, que pour le service intérieur de la chapelle est entièrement dégradée, que le récipient des eaux à la source est détruit par la caducité, de manière que les insectes fourmillent dans les eaux au point que l'on ne peut plus s'en servir sans danger, et que depuis plusieurs années les R. pères sont obligés de se pouvoir des eaux ailleurs, et de l'aller-puiser à plus de trois cents toises de distances de l'hospice dans le bas revers de la montagne, que même ils en manquent dans les temps de sécheresse ou de gelée, de manière qu'il est également urgent de rétablir cette ancienne fontaine dont la source se prend environ à une demi lieue de distance de l'hospice et cy est conduite par des tuyaux que nous présumons être absolument hors de service.

3. nous étant transporté dans l'intérieur de la chapelle, nous avons observé qu'il se trouve au plafond une peinture en fresque, cy devant faite par les soins et aux frais d'une charitable personne, laquelle peinture nous avons remarqué être considérablement endommagée, et avons vérifié par les tâches d'eau qui sont imprimées dans le plafond même, que ce dommage provient d'un mauvais état dans lequel se doit trouver la toiture, la pluie et la neige pénétrant dans le grenier il laisse des dépôts qui s'imbibent dans le plâtre, le détruise furtivement, ce qui est visible par les différentes fentes et crevasses que l'on y découvre tout au travers, qu'il y en a même une pierre absolument emportée et laisse une couverture au dessus de l'autel de St Ulrich, et qui traverse de part en part au dessus du petit clocher, au moyen de quoi le sacrifice est interrompu sur le dit autel depuis trois ans ainsi que les dits R. pères ont assuré, que par conséquent cette réparation est indispensable.

4. avons observé qu'à côté de l'autel de St François les fondements du mur étaient entamés, ce que nous avons aperçu de provenir de la filtration des eaux qui descendent la montagne dans les temps pluvieux, à quoi il est important de remédier le plus tôt possible pour empêcher la pourriture de ces fondements, ainsi que d'autel et du confessionnal qui y sont, lequel autel est actuellement déjà pourri par pierres et même jusqu'à la table, au point à n'y pouvoir célébrer le saint sacrifice, que le confessionnal ne peut plus servir dans les temps des pluies, par la quantité d'eau qui pénétrant, de façon que le confesseur et le pénitent se trouvent dans l'eau, que conséquemment il est essentiel de découvrir les moyens de dériver cette infiltration, soit par un conduit souterrain ou autrement.

5. étant entré dans la sacristie, nous avons reconnu quelques fentes dans la voûte, qui nous ont fait soupçonner, que la toiture était également dans un mauvais état dans ces parties, et que la pluie et la neige causent des dommages, d'autant plus que ces fentes communiquent jusque dans les murs de face de cette sacristie, dans laquelle nous avons observé que les ornements et linges servant au service divin étaient tellement usés, qu'il est nécessaire d'en réformer la meilleure partie, que quoi ce pèlerinage soit beaucoup fréquenté, il ne s'y trouve aucune soutane entière pour les prêtres étrangers, plus avons observé au lutrin, que le crépissage du plafond était à moitié débâché et tombé, le surplus fendu de toute part, ainsi que les lattes qui retenaient le plafond entièrement pourries, et le tout à réparer, et qu'enfin le banc qui se trouve dans le chœur de la chapelle est entièrement rompu et renversé, que la lampe, dont l'entretien est à charge de la fabrique est cassée et hors de service, et ayant de suite voulu prendre inspection du grenier, de la toiture ainsi que du clocher, les R. pères nous ont représenté que l'on n'y pouvait monter, que par les moyens d'une échelle, il ne nous a pas été possible d'y grimper, soit à cause de notre âge avancé, soit par rapport aux vertiges et autres infirmités, dont nous sommes affligés, pour quoi nous avons nommé d'office du consentement des parties, les nommés andré fohler et martin geiger les deux maitres maçon et charpentier, bourgeois de la ville de Rouffach, le serment d'eux préalablement pris, à la manière ordinaire, à l'effet de faire la visite des parties cy-dessus rappelées, ainsi que tout ce qu'ils pouvaient découvrir de défectueux dans le surplus de cet édifice, à quoi les dits fohler et geiger, ayant procédé à l'instant, et ils nous en ont remis leur rapport qu'ils ont fait rédiger par notre greffier à ce commis, et que nous avons jointe à notre présent procès-verbal, ensuite de quoi, et pour nous enquérir des moyens à pourvoir aux différentes réparations, dont cette chapelle est susceptible le tout conformément au dit décret, avons interpelé, tant le R. pères récollets que le sieur Bussy prévôt, de nous déclarer la portée des offrandes, et autres revenus de la chapelle, si aucun il y a, lesquels nous ont dit que tout le revenu ne consistait que dans une somme d'environ trente livres de rente constituée sur capitaux, qu'à l'égard des offrandes le produit aurait si considérablement diminué depuis plusieurs années, qu'il ne valait pas la peine d'y faire aucune attention, ni d'en espérer aucun secours pour les dites réparations, parce que leur destination principale se portait à l'entretien des lumières et des linges, auquel ces offrandes pouvaient à peine suffire, que la raison de cette modicité d'offrande était que le public était prévenu qu'elles tournaient au profit de la communauté et du sieur curé de Pfaffenheim uniquement (sic), et n'étaient point employées à la décoration de la chapelle, que ce préjugé ralentissait de plus en plus la charité des fidèles à cet égard, et qu'il au surplus il ne nous a apparu aucun moyen à fournir à la dépense que ce grand concours de réparations occasionnera, de tout quoi avons dressé le présent procès-verbal pour y celui être envoyé à son altesse monseigneur l'évêque de Bâle, être par lui statué ce qu'au cas appartiendra. Fait au dit lieu du Schauenberg le jour et an que dessus, signé Rieden et Gassmann, commis-greffier.
Suit encore le rapport des deux experts, rédigé en allemand qui ne fait que corroborer de façon plus technique la description de Rieden. Le document conservé aux ADHR porte la mention : collationné et trouvé conforme à son original et signé comme est dit est représenté et rendu à l'instant par moi soussigné greffier de Massevaux le 28 avril 1767 signé Wilhem, greffier.
(34) ADHR 141 J 273
(35) ADHR 141 J 273. Le recteur Rieden ajoute à la fin de sa lettre qu'il a tardé un peu à transmettre son rapport, ne voulant pas « l'importuner pendant cette quinzaine de pacques » Puis il termine par «j'ai bien du pardon à demander à Votre Altesse de m'être servi d'une main étrangère, une infirmité ne me permettant pas d'écrire de ma main ».

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